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tème de l’identité de Schelling) ; — 6o L’idéalisme religieux (Fichte et Schleiermacher) ; — 7o L’idéalisme logique (Hegel) ; — 8o L’irrationalisme (Jacobi, Schelling, Schopenhauer, Feuerbach) ; — 9o Le réalisme critique (Herbart) ; — 10o Le psychologisme (Fries et Beneke).

On n’attend pas de nous que nous discutions avec l’auteur tel ou tel point particulier pris au hasard dans ce vaste champ d’étude. Nous aimons mieux rendre hommage à l’intérêt passionné avec lequel il l’a embrassé, à l’étendue et à la sûreté de sa science. M. Windelband aime les hommes et les doctrines dont il traite. Il exprime à deux reprises et avec émotion la crainte que le goût de ces hautes spéculations n’ait disparu dans l’Allemagne d’aujourd’hui, que la source des grandes pensées ne soit tarie. En voyant, en effet, l’admirable fécondité de la pensée allemande en un temps encore si voisin de nous, on comprend que les hommes qui vivent des choses de l’esprit de l’autre côté du Rhin jettent un regard de regret vers cet âge d’or.

Henri Marion.

Th. Jacob. —Inductive Erkenntniss. — Gebr. Unger. Berlin, 1881.

Trois questions intéressantes sur l’induction : 1o Comment se fixe la compréhension du concept, c’est-à-dire sa signification et sa valeur scientifique ? 2o En quoi consiste le lien démonstratif des attributs du concept, dans toute espèce de raisonnement, soit déduction mathématique, soit déduction expérimentale ? 3o Sur quoi repose l’induction elle-même, entendue au sens vulgaire du mot, c’est-à-dire l’extension de la propriété, où loi démontrée, à tous les temps et tous les lieux dans les mêmes conditions ? — Voilà l’objet de cette curieuse étude,

Le premier point est fort bien traité par M. Th. Jacob, et il a de l’importance. L’auteur remarque judicieusement que des deux propriétés logiques du concept, communément distinguées par les philosophes, une seule est de conséquence : la compréhension de la notion générale, incertaine et variable ou nettement définie et immuable. La fixité du concept dépend au début de la précision de l’opération fondamentale, qui servira de base à l’induction ou à la déduction, à savoir la généralisation. Le difficile, au premier coup d’œil jeté sur les choses, n’est pas de généraliser, de colliger des caractères communs à une série d’individus ; c’est de trier les caractères stables et essentiels parmi les éphémères et accidentels. Mais il est, à ce propos, un fait logique singulier : c’est que de degré en degré la généralisation des caractères, ou formation des types conceptuels, est de plus en plus sûre, moins sujette à révision. Imaginez un enfant au milieu d’une basse-cour remplie de toutes sortes d’animaux : l’enfant distinguera approximativement autant de groupes de représentations, partant de concepts. L’applicabilité de chacun de ces concepts à un nombre plus ou moins grand d’individus sera indéterminée, nécessairement. Des méprises