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VERNES. — de l’idée religieuse

que la religion est une « pure illusion », nous lui riposterons, dans les termes dont il use lui-même, qu’elle « a partout pour support une vérité relative ». Mais, s’il s’arme de cette déclaration, comme d’un aveu, pour nous faire dire que cette vérité relative, étant assujettie aux lois d’un développement régulier, constitue une évolution progressive authentique et positive, et que « le postulat de cette progression historique providentielle doit tôt ou tard trouver sa réalisation », nous l’arrêtons et lui déclarons que nous n’avons aucune raison, historique ou autre, de croire que ce qui est vérité relative aujourd’hui doive devenir à bref délai vérité absolue, et que cette proposition, au lieu de sortir des prémisses invoquées, en est à nos yeux le renversement direct.

L’idée gouverne le monde, pense M. de Hartmann avec beaucoup de ses compatriotes. Soit, lui dirons-nous ; mais n’imposez pas à l’histoire de cette idée les cadres de votre esprit. L’auteur de La conscience religieuse de l’humanité nous paraît avoir pris ici pour devise le vers connu :

Et mihi res, non me rebus submittere conor.

Maurice Vernes.

    le monde et triomphe terrestre de la justice dans l’humanité. » (Coup d’œil sur l’histoire du peuple juif, pp. 19, 20.) Il est loisible aux différentes fractions du christianisme de se réconcilier à leur tour avec les vues philosophiques qui prédominent et prédomineront de plus en plus, par une exégèse analogue.