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délinquants nés et d’habitude, ou délinquants d’occasion, ou délinquants par impulsion irrésistible.

Garofalo. La tentative et le crime impossible. — Nous devons rappeler au lecteur, pour l’intelligence de ce qui va suivre, ce qu’il faut entendre par tentative et par crime impossible. La tentative est un acte criminel qui n’a manqué le but que par une circonstance étrangère à l’agent. Ainsi, je tire sur un homme et je le manque ; je lui fais avaler une dose toxique de morphine, mais un médecin est appelé à temps pour conjurer les effets du poison. Voilà des exemples de tentatives. Le crime impossible est un acte qui ne pouvait pas avoir l’effet que l’on se proposait, dans les conditions où l’agent s’était placé ; c’est le cas de l’homme qui croit empoisonner sa victime en lui administrant de la craie pilée, trompé par la resemblance de ce corps avec l’acide arsénieux ; il est évidemment impossible qu’un homme puisse être empoisonné par quelques grammes de craie pilée. La distinction que nous venons d’exposer n’est nullement une subtilité, elle est fort importante au point de vue pratique ; notre loi française ne frappe d’aucune peine le crime impossible, tandis qu’elle punit la tentative comme le crime accompli.

M. Garofalo examine les opinions des jurisconsultes allemands et italiens sur ce sujet. Les jurisconsultes italiens inclinent vers une doctrine qui se rapproche beaucoup de la nôtre ; pour eux, il n’y a pas de crime punissable lorsque l’État n’a couru aucun danger ; par conséquent, le crime impossible n’est pas un crime. Les criminalistes allemands se prononcent dans un autre sens : ils pensent que ce qu’il y a d’essentiel dans l’acte criminel, c’est la volonté de l’agent ; du moment que l’agent a manifesté sa volonté de nuire, la loi doit le punir. Nous ne faisons qu’esquisser ces diverses opinions ; il faudrait entrer dans de longs développements pour tenir compte des idées de chaque auteur.

C’est avec les criminalistes allemands qu’il faut ranger M. Garofalo ; il soutient que le crime même impossible doit être puni par la loi, parce que ce crime démontre qu’il existe chez l’agent une volonté de mal faire qui à elle seule est un danger pour la société.


LIVRES DÉPOSÉS AU BUREAU DE LA REVUE

Charlton Bastian. Le cerveau, organe de la pensée chez l’homme et les animaux, trad. de l’anglais. 2 vol. in-8o. Germer Baillière, Paris (Bibl. scient, internationale.)

Dr E. Despine. Théorie physiologique de l’hallucination. In-8o Paris. Boudel (Brochure).

V. Egger. La parole intérieure : essai de psychologie descriptive. In-8o. Paris, Germer Baillière.

W. James. Reflex action and theism (Reprinted from « The Unitarian Review » ). In-8o. New-York.