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ANALYSES. — DUPUIS. Le nombre géométrique de Platon.

à cet égard. Mais il laisse badiner les Muses et s’amuse à leur faire énigmatiquement désigner cette période par le nombre remarquable le plus voisin du nombre de jours qu’elle renferme.

Quel était exactement pour Philolaos ce nombre de jours ? Nous ne le savons pas bien, n’étant fixés que pour le nombre des ans, 59, et celui des mois, 729. S’il avait adopté entièrement les données d’Œnopide, que Censorinus nous a conservées, les cinquante-neuf ans devaient faire 21,557 jours. À la vérité, la même tradition nous dit que l’année solaire de Philolaos était de 364 jours 1/2, ce qui ne ferait que 21,505 jours 1/2 ; mais il est absolument invraisemblable, d’un côté qu’il ait laissé une fraction de jour dans sa grande année, de l’autre qu’il soit descendu pour l’année solaire au-dessous de 365 jours, alors que ce nombre était déjà reconnu comme trop faible. L’erreur de la tradition semble provenir de ce que Philolaos aurait dit que 729, nombre des mois de la grande année, était aussi le nombre des jours et des nuits de l’année solaire, Cela n’était exact qu’à une unité près et en commettant approximativement, mais dans l’autre sens, la même erreur relative qu’en prenant 21,600 au lieu de 21,557.

Ce dernier nombre est au reste déjà trop fort. 59 années solaires sidérales ne font que 21,550 jours, et 729 révolutions synodiques de la lune que 21,598 jours[1]. Il est donc peu probable que : Philolaos ait augmenté, dans le but de chercher l’accord avec les phénomènes, le nombre des jours de la période d’Œnopide. Mais il a fort bien pu, pour quelque rapprochement arithmétique comme celui que nous avons déjà indiqué, aller jusqu’à 21,600 jours, ou, s’il ne l’a pas fait lui-même, Platon était d’autant plus autorisé à le faire en marchant dans les mêmes voies que, quant à lui, cette grande année n’avait plus de valeur sérieuse en tant que période astronomique.

Paul Tannery.

Ch. Lagrange. — E. Lagrange. — A. Gilkinet. — Histoire des sciences en Belgique. Bruxelles, Weissenhruch, 1881. In-8, 471 p. 

Ce volume forme le tome II d’un ouvrage qui doit en comprendre quatre et qui, sous le titre : Cinquante ans de liberté, est destiné à présenter le tableau du développement intellectuel de la Belgique depuis 1830. Tous les fascicules du tome I, consacré à la Vie politique, à l’Enseignement et à l’Économie politique, ne sont pas au reste encore parus. Les deux derniers volumes concerneront les beaux-arts et les belles-lettres.

  1. C’est-à-dire qu’il y a dans la période prétendue, qui devrait comprendre des nombres entiers d’années et de mois formant un même nombre de jours, une divergence de vingt-deux jours, différence entre 21,550 et 21,528. Relativement, cette divergence n’est guère que d’un millième ; mais absolument, elle est considérable.