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ANALYSES. — MOSSO. Sulla circolazione del sangue.

essentielle de l’activité psychique, comme d’une activité glandulaire quelconque.

Les observations du professeur Mosso sur le sommeil ne sont pas moins instructives que les précédentes (p. 36-19). Dans le passage du sommeil à la veille, il y a augmentation du volume du cerveau et contraction des vaisseaux de l’avant-bras. Dans le passage de la veille au sommeil, les phénomènes inverses se produisent. À mesure que le sommeil est plus profond, le pouls cérébral s’abaisse davantage. Quand le sommeil est très profond, ce caractère se maintient. Les expériences du professeur Mosso démontrent donc que le sommeil est accompagné d’anémie cérébrale ; mais ce n’est pas à dire pour cela que cette anémie constitue l’unique cause du sommeil. Quelquefois en effet, au moment où il s’éveille, le cerveau subit non une augmentation, une diminution de volume. L’auteur pense qu’à l’anémie physiologique il faut joindre, parmi les conditions du sommeil, l’état de l’excitabilité et l’état de la nutrition des centres nerveux. — Quoi qu’il en soit, l’anémie est la règle durant le repos du cerveau. Pour peu en effet que cet organe entre en activité, il y arrive plus de sang. Si, pendant que ses sujets étaient endormis, Mosso venait à les appeler par leur nom, bien qu’ils ne s’éveillassent point, le volume du cerveau augmentait immédiatement. De même quand l’horloge de l’hôpital sonnait, quand une personne entrait dans la chambre, et toujours sans que le réveil se produisit. Bref, les mêmes changements qui ont lieu dans l’organisme durant la veille par l’effet de l’activité psychique ont lieu aussi durant le sommeil par l’effet d’actions externes, insuffisantes cependant pour amener le réveil. Il arrive même que des impressions perçues suggèrent des songes ou entrent dans la trame de songes déjà nés, sans que le dormeur puisse indiquer, lorsqu’il se réveille, l’origine ni même l’existence d’une impression. Un exemple : Bertino était en expérience : M. Mosso l’appelle par son nom ; il ne se réveille point, mais le cerveau subit une forte augmentation de volume. Quelques instants après, il ouvre les yeux, et l’auteur lui demande s’il a dormi ; il répond qu’il a rêvé et raconte une histoire confuse dont le fait intéressant est que le curé de son pays l’appelait par son nom. La voix de Mosso avait donc suscité en lui un rêve. Ce phénomène n’est-il pas comparable aux suggestions de sentiments et d’idées qu’il est si facile de produire chez certaines hystériques ? La pathologie n’est pas autre chose que de la physiologie.

Enfin le sommeil s’accompagne aussi de modifications dans la respiration (p. 51).

Durant le sommeil comme durant la veille, toutes les variations de volume observées dans le cerveau ne peuvent être toujours rapportées à des causes précises. Il y a une catégorie de mouvements des vaisseaux sanguins que Mosso appelle spontanés (p. 50). Ces changements circulatoires sont-ils dus à des rêves ? Souvent en effet, c’est ici le cas de le rappeler, les rêves ne laissent aucune trace dans la mémoire : combien de personnes qui rêvent tout haut et qui n’ont au réveil aucun souvenir