Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 13.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
revue philosophique

Les lecteurs de la Revue n’ignorent pas que, depuis un certain nombre d’années, la méthode graphique à rendu les plus signalés services à la science, particulièrement à la physiologie. La méthode graphique, appliquée à la biologie, peut être considérée comme une mise en pratique de cette idée, que la plupart des fonctions vitales se ramènent à des mouvements ; ces mouvements sont naturellement susceptibles d’être représentés par des lignes ; ces lignes donnent évidemment la durée, la force, la régularité et, grâce à des dispositions spéciales dans l’instrumentation, la forme des mouvements, Ceci posé, qu’est-ce qu’un appareil enregistreur ? Qu’on suppose une petite cuvette métallique, ou tambour, fermée hermétiquement par une membrane de caoutchouc et contenant un petit ressort à boudin qui s’applique contre la membrane ; cette cuvette offre une seule ouverture à laquelle s’adapte un tube de caoutchouc qui se rend à une cuvette semblable à la première ; mais celle-ci porte, fixée sur la membrane de caoutchouc, une mince plaque d’aluminium qui soutient un petit levier dont un des bras est constitué par un léger stylet ; ce stylet écrit sur un cylindre mû par un mécanisme d’horlogerie et recouvert d’une feuille de papier enfumée, Tout ce système est plein d’air, de telle sorte que, si l’on exerce une pression sur la membrane de la première cuvette, cette pression se transmet à travers le tube jusqu’à la seconde cuvette ; par l’intermédiaire du levier que porte celle-ci, le stylet inscrit les variations de pression sur le cylindre. Cette seconde cuvette forme le tambour à levier écrivant de Marey : Le premier tambour peut être modifié de mille manières, et ainsi on a construit des appareils qui enregistrent soit la contraction musculaire, soit les mouvements de la respiration, soit le mouvement du sang dans les vaisseaux, etc., etc.

Par des dispositifs ingénieux, M. Mosso a pu fixer des appareils analogues sur l’ouverture du crâne des sujets qu’il mettait en expérience. D’autre part, il a eu besoin de prendre le pouls de l’avant-bras et d’inscrire les variations de volume dans cette partie du corps simultanément avec celles qui se produisaient dans le cerveau ; ce qu’il a fait au moyen d’appareils de son invention, dont le principe diffère un peu de celui qui vient d’être exposé.

Bien entendu, et que ceci soit dit une fois pour toutes, Mosso a eu Soin de s’entourer des précautions nécessaires pour éviter les erreurs tenant à des changements dans l’application des appareils ou dans la position des sujets en expérience, ou à d’autres causes de ce genre. Il s’est moins gardé peut-être contre les causes d’erreur de nature subjective, et, par exemple, il ne dit pas si ses sujets ont été toujours dans les mêmes conditions physiques et mentales au moment où il les faisait travailler. Mais cette critique n’a guère qu’une importance théorique, vu la netteté et le nombre des résultats identiques qu’a obtenus l’auteur.