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ment différentes. La force employée à décrocher ou déterminer le mouvement est infiniment petite en comparaison de la force mise au mouvement. Ainsi l’avalanche qui renverse une forêt peut être déterminée par le vol d’une corneille, La proportion des deux forces ne saurait être évaluée en chiffres ; la dernière est infiniment petite relativement à la première ; mais, pris en lui-même, ce battement d’ailes dépense une quantité positive de force égale à celle qui élèverait un poids donné à une hauteur donnée. Il est essentiel au décrochement que la force qui décroche et la force décrochée soient indépendantes l’une de l’autre. Il est donc inexact de dire d’une manière absolue que leur rapport tend à la limite 0. Loin de pouvoir descendre à 0, la force décrochant ne peut pas descendre au-dessous d’un quantum déterminé. Une impulsion déterminante égale à 0 résoudrait du coup, si elle était jamais admissible, notre seconde difficulté, l’origine du mouvement dans la matière immobile uniformément répartie, car une impulsion égale à 0 n’a jamais manqué…

» Notre septième difficulté s’évanouit lorsqu’on prend le parti de nier la libre volonté et de déclarer illusoire le sentiment qui nous l’atteste ; autrement il faut reconnaître qu’elle est insoluble de sa nature. »

Il nous a semblé que ce résumé des obstacles qui s’opposent à l’explication universelle des phénomènes par le mécanisme méritait d’être reproduit en raison de sa provenance. Nous n’y voulons ajouter aucun commentaire[1].

C. S.

  1. Le discours de M. Dubois-Reymond a paru dans le numéro de septembre 1481 de la Deutsche Rundschau, sous ce titre : Die sieben Weltraethsel.