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NOLEN. — le monisme en allemagne

qu’une fonction du cerveau est plus favorable que toute autre aux entreprises du mécanisme scientifique et de la psycho-physique.

L’épigraphe même de l’ouvrage capital de M. de Hartmann, la Philosophie de l’inconscient, ne présente-t-elle pas la doctrine comme un ensemble de « résultats spéculatifs obtenus par la méthode inductive des sciences de la nature ? » Il n’en faudrait pas conclure assurément que, à l’exemple de Hæckel, M. de Hartmann confond la spéculation et la science ce serait oublier les pénétrants et ingénieux écrits, comme les articles sur la science et la philosophie, sur Ernest Hæckel et surtout comme la deuxième édition de L’Inconscient du point de vue de la physiologie, etc. où M. de Hartmann proteste contre l’assimilation des principes et des méthodes du mécanismes et de la spéculation, ce serait méconnaître complètement l’originalité de sa tentative, qui est justement de les réconcilier, non de identifier. Il n’en ressort pas moins évidemment que sa philosophie non seulement ne veut pas ignorer, mais qu’elle entend bien faire tourner à son profit toutes les découvertes de la science récente. M. de Hartmann ne peut aspirer, comme Hæckel, à continuer la série de ces penseurs, à la fois savants de profession et philosophes qui semblait s’être interrompue à Kant. Mais, s’il n’est pas mêlé directement aux recherches spéciales de la science, aux luttes de ses représentants, il n’en garde que plus de liberté dans l’étude, que plus d’impartialité dans le jugement. Il interroge à la fois les physiciens et les physiologistes, les historiens de la nature et ceux de la société, les naturalistes et les philologues.

Tous ses écrits témoignent de son infatigable et multiple curiosité. Il suit d’un œil attentif les progrès, les modifications des doctrines ; et la philosophie s’efforce de demeurer assez compréhensive assez sous le pour s’accomode aux exigences diverses de ces incessantes transformations successives. On en trouve la preuve dans les corrections et les additions qui signalent chaque nouvelle édition de son grand ouvrage, la Philosophie de l’Inconscient et tout particulièrement dans l’appendice considérable de la septième. Il faut également citer les courtes, mais substantielles notices sur Hæckel et la doctrine de l’évolution en Allemagne, sur la force vitale, sur la psychologie ethnographique de Lazarus, sur Schopenhauer et la théorie des couleurs, sur l’atomisme et le dynamisme, que M. de Hartmann a réunies dans la troisième partie de ses Etudes et essais[1]. Mais il convient surtout de mentionner l’important opuscule Vérité et erreur

  1. Gesamm. Stud. u. Aufsaetze (3e partie).