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B. PEREZ. — facultés de l’enfant

idée[1]. » De son côté, le docteur Tarchanoff a fait sur les centres nerveux, et surtout les centres psychomoteurs des animaux nouveau-nés et leur développement dans différentes conditions, des expériences dont je résume ici, d’après lui, les intéressants résultats. « Chez le lapin nouveau-né, le pavillon de l’oreille est fermé et ne commence à s’ouvrir, en forme d’une fente très mince, que dès le cinquième jour après la naissance. Les premières traces d’une fente entre les paupières apparaissent vers le dixième ou onzième jour ; vers le douzième jour, les yeux sont parfaitement ouverts chez la plupart des lapins. Les centres psychomoteurs apparaissent ordinairement vers le douzième ou treizième jour après la naissance. Ce sont les centres moteurs de la mâchoire, et précisément les centres de mastication, qui se développent les premiers sur l’écorce grise du cerveau. Après ceux-ci apparaissent les centres des mouvements des pattes antérieures, et, trois ou quatre jours plus tard, ceux des membres postérieurs. Au seizième jour de la naissance, tous les centres psychomoteurs du lapin sont parfaitement développés. Un ordre presque identique du développement des centres psycho-moteurs a été indiqué pour le chien par Soltman[2]. »

Que savons-nous sur l’état, chez l’enfant nouveau-né, du siège de la perception ou idéation, soit visuelle, soit auditive, soit même motrice ? À peu près rien. D’abord, en ce qui concerne la vision, bien que les parties constituantes de l’appareil oculaire soient parfaitement développées, et bien que l’enfant ferme quelquefois les yeux sous l’action d’une vive lumière, comme il les ferme à tout instant, il est difficile d’en rien conclure quant à la vision. Dans les premiers jours de l’existence, l’immobilité des pupilles et de l’iris paraît indiquer l’insensibilité de la rétine à la lumière. Il est cependant probable qu’il distingue bientôt faiblement le jour d’avec la nuit ; ce progrès peut être attribué, en général, à la fin de la première semaine. Quelques jours après, les yeux suivent la direction de la lumière et des flambeaux ; mais toujours errants, si ce n’est quand il tette, ils ne se fixent sur aucun objet, ils ne suivent pas les mouvements, preuve qu’ils ne les distinguent pas plus qu’au moment de la naissance. On ne peut guère constater ce progrès, et encore très confusément, avant la fin de la quatrième semaine.

L’enfant passe-t-il de la surdité initiale à une audition quelconque par des degrés intermédiaires, ou par un saut brusque, son appareil

  1. David Ferrier, Les fonctions du cerveau, p. 417.
  2. Dr Tarchanoff, Revue mensuelle de médecine et de chirurgie, pag. 841, nov. 1878.