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LES FACULTÉS DE L’ENFANT

À L’ÉPOQUE DE LA NAISSANCE

I

Le fœtus appartient-il à la psychologie ? La réponse n’est pas douteuse pour les physiologistes, qui n’admettent pas d’organes réguliers sans fonctions plus ou moins développées et qui voient dans le fœtus tout l’ensemble au moins ébauché des organes de la sensibilité. Elle ne laisse non plus aucun doute aux philosophes de l’école expérimentale, qui accordent autant d’importance aux manifestations de la vie inconsciente qu’à celles de la vie consciente de l’esprit, et qui considèrent les mouvements en apparence automatiques de l’être intra-utérin comme des révélations évidentes d’une sensibilité quelconque.

Voici d’abord l’opinion professée par le docteur Luys, en ce qui concerne la sensibilité initiale : « Dans les premières phases de la vie fœtale, il est bien difficile de préciser à quelle époque la sensibilité, en tant que force mobile, se manifeste d’une façon précise ; néanmoins, dès le quatrième mois, on peut reconnaître que le système nerveux commence à réagir et à révéler la vitalité des différents appareils qui le constituent. On sait, en effet, que dès ce moment le fœtus est sensible à l’action du froid, qu’on peut développer ses mouvements spontanés en appliquant la main refroidie sur le ventre de la mère ; on sait aussi qu’il opère des mouvements spontanés, pour se soustraire à des pressions qui le gênent et qui mettent en jeu sa sensibilité. On peut donc légitimement induire que ce sont là les lueurs premières de la sensibilité qui s’éveille, et que, dès ce moment, grâce au système nerveux, elle est transmise par ses voies naturelles, et déjà réglée suivant le mode dont plus tard elle se manifestera à travers l’organisme[1], » Si l’on admet avec le même

  1. Luys, Le cerveau et ses fonctions, p. 100.