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plusieurs mots, nuit, jour, noms de métaux, de fleurs, qu’un très grand nombre de mots dérivent d’une racine primitive à laquelle était attaché un sens de couleur, ou de couleur et de mouvement associés, Le sens de ces mots s’est du reste perdu depuis longtemps, et des noms qui, à l’origine, éveillaient une idée de couleur, ont complètement perdu actuellement leur signification.

Etudes de psychologie expérimentale, par G. Buccola. Recherches Sur la durée des processus psychiques élémentaires.

Le temps que nous mettons à réagir aux excitations des organes des sens se compose de plusieurs facteurs, dont le plus important est le temps nécessaire à la transformation centrale de l’excitation nerveuse en excitation motrice (perception, développement de l’impulsion volitive). Ce facteur, une comparaison entre des actes réflexes et des actes conscients et réfléchis peut nous le faire connaître.

Le temps de réaction varie : 1o avec les différents sens, ce qui tient à deux causes : a. l’intensité et la nature des excitations externes varient : elles ne sont pas même comparables pour les différents sens. b. par suite de la constitution même des organes terminaux, la transformation de l’impulsion externe en excitation nerveuse ne se fait pas toujours de la même manière (actions mécanique, chimique) ; 2o avec les individus. Le temps de la transformation centrale en excitation motrice étant le plus important, c’est surtout l’habitude et l’attention qui ont une grande influence sur le temps de réaction, au point qu’on peut dire de ce temps qu’il est le dynamomètre de l’attention (expériences diverses faisant constater des différences de 0,100 et 0,150 de seconde).

D’autres causes exercent encore une influence sur ce temps : 1o l’âge (chez l’enfant, le temps de réaction est plus long et diminue jusqu’à l’âge adulte pour augmenter ensuite) ; 2o les saisons (il est moins long en hiver, bien qu’en été la transmission par les nerfs se fasse plus vite) (Helmholtz) ; 3o l’état antécédent (une émotion accablante peut le faire durer plus longtemps, chez les mélancoliques, il est quelquefois triple du temps normal) ; 4o l’excitation du corps, un travail mental non épuisant le diminuent.

L’auteur examine ensuite en détail plusieurs questions :

1o Influence de l’habitude et de l’exercice. — L’habitude a un double effet : 1o mécanique (elle aplanit les voies nerveuses) ; 2o psychologique (elle excite l’attention.) À mesure que le nombre des expériences augmente, la période de réaction diminue, et, au bout d’un certain temps, elle ne présente plus que des oscillations très petites. C’est alors qu’il faut prendre la moyenne pour obtenir l’équation personnelle vraie. Le nombre d’expériences nécessaire pour, arriver à cette moyenne à peu près constante varie du reste avec chaque sens et avec les diverses parties d’un même sens, ce dont il faut tenir compte pour établir une comparaison exacte entre les différents sens.

2o Rapport entre le temps de réaction et l’excitation externe, — Les expériences de l’auteur : 1o sur la vue, au moyen d’une étincelle élec-