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généralement reconnu ce que je visais. En effet, que veut-on nous prouver ? Que Caligula était fou, que Claude était imbécile, que Néron n’était pas dans son bon sens ? Leurs contemporains le savaient déjà, Quant à Tibère, je crois qu’on se trompe du tout au tout, et qu’on n’a guère compris cette grande et tragique figure. Dans une analyse de mon ouvrage, publiée dans la Revue historique (novembre-décembre 1881), M. G. Monod, en parlant de mon étude sur la famille d’Auguste, dit : « Il n’est pas douteux que le pouvoir, exercé dans les conditions où il l’était à Rome, exerce sur ceux qui en sont investis une influence corruptrice, funeste. » Cette même pensée se retrouve au fond de la théorie du Cæsarenwahnsinn, et je la crois complètement erronée. Claude était imbécile, Caligula fou avant de monter au trône, et Auguste ne devint pas fou malgré un règne de plus de quarante ans. Ce ne sont pas certaines formes du pouvoir qui mènent les familles princières à la dégénérescence, c’est le pourvoir lui-même, quelle que soit sa forme, et c’est par accumulation lente et progressive de ses effets qu’il produit les névropathies, qui se manifestent par conséquent non chez le détenteur du pouvoir, mais chez ses enfants, En montant au trône, ce n’est pas à lui-même que le prince fait du mal, ce sont ses enfants qu’il empoisonne, c’est toute sa descendance, toute sa race qu’il condamne aux maladies nerveuses, à la dégénérescence, à la stérilité, et finalement à mort. Nous en avons un exemple tout récent : Léopold Ier monte au trône en 1831 ; il meurt entouré de l’estime générale justement respecté ; mais la maison royale de Belgique paye chèrement son règne
 


Agréez, etc.
Docteur Paul Jacoby.
Nice, 9 novembre 1881.

PRIX HEGEL.

On nous prie de communiquer au public le programme suivant :

La Société philosophique fondée à Berlin en 1843 uniquement par des amis et des disciples de Hegel, ayant admis depuis dans son sein des sectateurs d’écoles bien différentes, ouvrit, pour ériger un monument à Hegel, une souscription dont l’excédent a servi à une fondation Hegel destinée à la propagation de la philosophie.

En conséquence, la Société propose pour prix la question suivante, dont voici le programme :