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dant le plus développé des deux. Les lamproies sont au nombre des vertébrés les plus inférieurs qui aient un cerveau. Chez elles, la vue est peu développée, l’odorat l’est beaucoup, et nous devons supposer que c’est par lui que ces animaux sont guidés. On doit de plus remarquer un fait anatomique très important chez les poissons cyclostomes : c’est que les lobes olfactifs représentent une portion importante du développement des hémisphères cérébraux, qui doivent être surtout occupés à coordonner les impressions reçues par ces lobes.

Chez les poissons ganoïdes, les nerfs optiques forment un chiasma, ce qui marque un progrès ; mais l’appareil olfactif est aussi très développé. — Les Chondroptérygiens (requins et raies) ont les deux sens bien développés ; mais, suivant la remarque de Lacépède, leur odorat peut être appelé leur œil véritable. — Les Téléostéens, qui forment la plus grande masse des poissons actuellement existants (perches, mulets, saumons, truites, etc.), paraissent se fier plus à la vue qu’à l’odorat.

L’auteur fait remarquer qu’au point de vue anatomique les hémisphères, qui sont chez les vertébrés supérieurs la partie principale, ne sont en réalité chez les poissons que des appendices des nerfs et lobes olfactifs.

Chez les reptiles, le sens principal est l’odorat ; mais la vue est beaucoup plus parfaite que chez les vertébrés inférieurs. Chez les oiseaux, au contraire, la vision atteint une puissance étonnante, tandis que le sens de l’odorat les guide peu ou point. L’auteur rappelle l’attrait qu’exercent sur les oiseaux les fleurs brillantes, sujet qu’il a amplement traité dans son livre The colour-sense. Chez eux, au contraire, la membrane pituitaire est peu développée et les nerfs de l’olfaction sont petits,

Les mammifères d’ordre inférieur, notamment les marsupiaux carnivores, sont bien doués sous le rapport de l’odorat. L’auteur rappelle aussi incidemment que les fourmis, surtout les ouvrières, n’ont le plus souvent qu’une vision rudimentaire, mais que leurs antennes, comme l’ont montré Lubbock et Hauser, sont des organes d’olfaction. Enfin, après avoir parcouru les divers groupes de mammifères, on en vient aux Primates (grand rôle de la vision chez les singes) et à homme, chez qui l’odorat a un rôle si peu intellectuel. Rappelons cependant que les races inférieures humaines sont remarquablement douées à cet égard et que les idiots flairent continuellement leur nourriture.

C.-F. Keary. Les termes homériques pour désigner l’âme. — Il est intéressant d’étudier l’histoire des idées en étudiant les variations de sens des mots. Chavée l’a essayé dans son Idéologie positive (1878), mais avec beaucoup d’hypothèses. C’est là un champ illimité pour l’histoire de la psychologie. L’auteur se propose d’étudier, au temps d’Homère, le sens des quatre mots ψυχὴ, σκιά, εἴδωλον. Il est plus