Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 12.djvu/650

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
646
revue philosophique

Mais pourquoi faut-il qu’il le dépense à des sophismes ? Dire que, si r est le symbole à de la distance variable en général entre deux points, il faut prendre pour l’expression arithmétique générale des variations, et par conséquent , la dérivée, pour la loi présidant à ces variations, pour l’expression de la force, quelle audacieuse parodie du raisonnement mathématique !

La section C (pp. 107-151) est consacrée à un nouvel exposé de la formation des concepts de temps et d’espace. M. O. Schmitz-Dumont insiste sur le fait que la sensation, l’élément de la perception est bien étendu dans le temps, mais non pas dans l’espace. Il en conclut que le temps, perçu empiriquement dans toute sensation, est le modeleur (Bildner) de l’espace, et qu’il doit par conséquent être possible de faire sortir de l’arithmétique les formes dans l’espace, les figures géométriques. Suit un nouvel essai de démonstration à priori de la triplicité des dimensions de l’espace ; mais il nous parait en somme encore moins approfondi que celui du précédent ouvrage de l’auteur.

La nouvelle brochure se termine par une conclusion (pp. 152-168) d’un caractère idéaliste marqué. Nous en détachons les lignes suivantes :

« Tout le monde des atomes des physiciens, ce monde en mouvement dans le temps et l’espace, n’est rien qu’un schéma logique, suivant lequel nous ordonnons le contenu du monde perçu par nous, nos sensations ; ainsi c’est une pure forme, ou, comme on à souvent coutume de le dire, une fiction subjective pour obtenir des points de départ du jugement. Mais il n’en est pas moins vrai que la pensée, comme la sensation, est une chose de fait, une manière d’être. Il y a donc quelque chose, un être en général « que le métaphysicien nomme l’absolu,.… le physicien l’appelle le monde extérieur… le moraliste le dénomme divinité. » Mais dés lors se posent les problèmes relatifs à l’individuation dans le sein de la réalité universelle, problèmes devant lesquels s’arrête notre auteur, car, avant de les résoudre, « il y a une question préalable, savoir si ces problèmes peuvent être traités scientifiquement et non pas seulement d’une façon poétique, »

Nous avouerons que nous n’attendions pas cette réserve de la part de l’auteur ; il peut bien, certes, aborder ces problèmes, sans encourir, ce nous semble, plus que maintenant, le risque de voir ses écrits qualifiés de romans scientifiques.

T.

C. S. Peirce. — On The Algebra of Logic. Broch. in-4, 57 p. ; réimprimé de l’American Journal of Mathematics, vol, III.

L’auteur a publié ici même[1], sur La logique de la science ; deux articles intéressants et d’une remarquable originalité, mais où il n’a pas exposé — et nous ne pouvons que le regretter — ses vues personnelles

  1. Revue philosophique, décembre 1878 et janvier 1879.