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L’ÉDUCATION PLATONICIENNE


dernier article[1]

XI

l’harmonie

Nous abordons maintenant un sujet qu’il n’est plus guère dans nos habitudes de considérer comme faisant partie des sciences exactes, car les praticiens de l’art se sont désormais affranchis du joug des théoriciens, mathématiciens ou physiciens. Aussi restreindrons-nous naturellement l’étendue de nos observations ; mais peut-être suffiront-elles pour indiquer combien la théorie a été indispensable pour arriver à la constitution de la gamme moderne et à l’établissement des principes qui en règlent l’usage.

Si d’ailleurs nous avons transcrit plus haut, comme titre, le mot grec que Platon emploie, on sait qu’il ne faut nullement l’entendre au sens actuel, où l’harmonie se rapporte à l’accord de notes simultanées ; la musique ancienne n’a jamais pratiqué que l’unisson ou, tout au plus, les accompagnements à l’octave.

Les détails que nous nous proposons de donner sur la technique de cet art seront bornés à l’indispensable pour apprécier, d’un côté, la préférence à peu près exclusive que montre Platon vis-à-vis du mode dorien, et la proscription dont il frappe les autres ; d’un autre côté, pour se rendre compte de la critique qu’il adresse aux Pythagoriciens dans ce passage du livre VII de la République (531, a, b, c).

« Socr. Lorsqu’ils mesurent entre eux les accords et les sons, ils font un travail aussi inutile que celui des astronomes. — Gl. Oui, par les dieux, ils sont assez ridicules avec leurs pyknomes, comme ils disent, quand ils approchent l’oreille, pour guetter le son de tout près. Ceux-ci disent qu’ils perçoivent encore une différence, et que

  1. Voir les numéros de novembre 1880, mars 1881, août 1881.