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CH. RICHET. — l’irritabilité cérébrale

la première est de 0,03. Cette réponse est aussi beaucoup plus marquée, comme on le voit par l’inspection de la figure.

En employant des excitations assez faibles pour agir sur les ganglions sans agir sur le muscle, ce qu’on réalise en expérimentant sur l’écrevisse, on peut mesurer le retard propre de l’excitation ganglionnaire. Ce retard m’a paru être d’environ 0,025 de seconde, chiffre un peu moindre que les chiffres trouvés par d’autres physiologistes sur la grenouille (c’est-à-dire 0,04 environ). Mais cette divergence tient peut-être à ce que l’excitation ganglionnaire n’est pas tout à fait identique à l’excitation ganglio-musculaire.

Naturellement, pour obtenir le minimum de la période latente, il faut employer une excitation forte ; car, avec une excitation faible, le retard est très considérable.

Ces expériences ne peuvent être envisagées que comme des ébauches, et il y a encore, pour la méthode comme pour l’interprétation, bien des recherches à faire. Il me semble cependant qu’on peut en déduire une conclusion très générale, qui se formulerait ainsi : « La vibration des centres nerveux après une excitation est prolongée, et dure près de deux ou trois secondes, alors que la vibration du muscle ou du nerf ne dure que deux ou trois dixièmes de seconde. »

Ce seul fait suffit pour expliquer les divers phénomènes d’excitabilité croissante et d’addition latente qu’on constate alors.

Méthode de l’excitation indirecte. — Quand on procède par cette méthode, au lieu d’exciter directement les centres nerveux, on excite un nerf de sensibilité, et on note les conditions suivant lesquelles se fait une réponse. L’expérience peut être faite sur l’homme et sur les animaux.

Sur l’homme, par suite de la complexité extrême des actions psychiques, on n’a guère d’autre sujet d’étude que la rapidité de la réponse à l’excitation. On peut mesurer la durée des actes psychiques, comme on a mesuré la durée des actions réflexes et musculaires[1].

  1. Cette question importante de psychologie physiologique a déjà une bibliographie très étendue. Je ne citerai que les travaux d’ensemble el les plus récentes publications. Les anciens mémoires sont analysés dans Radau, Moniteur scientifique, novembre 1865, et dans un mémoire remarquable de M. S. Exner, Experimentelle Untersuchung der einfachsten psychischen Processen (Archives de Pflüger, t. VII, VIII, XI et XIII). Wundt, dans sa seconde édition des Grundzüge der physiologischen Psychologie, Leipzig, 1881, donne de bons développements à cette question, et expose les nouvelles recherches. M. Ribot a résumé clairement les faits certains dans la Revue philosophique, t. I, p. 267, De la durée des actes psychiques d’après les travaux récents. Citons encore Kries et Auerbach, Archir für Physiologie, 1877, p. 351 ; Die Zeitdauer einfachster psychischer Pro-