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qu’une ébauche que nous pouvons entreprendre ici, les faits précis étant peu nombreux et peu étudiés encore.

Nous pouvons dire par avance que les centres nerveux encéphaliques paraissent se comporter suivant les mêmes lois que les centres nerveux médullaires. Autrement dit, les lois de l’intelligence, de la conscience et de la volonté, tout ce qui, à vrai dire, constitue l’action cérébrale propre, paraissent être identiques aux lois de l’action réflexe. Nous ne pouvons parler ici de ces dernières et nous nous contenterons de renvoyer aux nombreux ouvrages qui traitent de l’action réflexe. Il nous suffit donc d’indiquer la très grande analogie fonctionnelle de la moelle et du cerveau, qui répond à la très grande analogie anatomique.

Plusieurs méthodes peuvent être employées pour apprécier la réaction cérébrale.

La plus simple consiste en l’analyse de la réaction motrice consécutive à l’excitation cérébrale directe. Cette excitation peut être soit uniquement cérébrale, comme par exemple quand on excite électriquement le cerveau dénudé d’un chien, d’un lapin, d’une grenouille, soit simultanément cérébrale et musculaire. C’est ce dernier procédé que j’ai proposé d’appeler excitation ganglio-musculaire.

L’autre méthode consiste en l’analyse de la réaction motrice consécutive à l’excitation cérébrale indirecte. Par exemple, on excite la sensibilité d’une grenouille saine ; cette excitation détermine une réaction motrice volontaire, dont on a à examiner la rapidité, la forme, la constance, etc. On peut, par un procédé quelque : peu analogue, expérimenter aussi sur l’homme, et connaître ainsi la rapidité d’une réponse volontaire à une excitation.

Enfin une dernière méthode consiste en l’analyse des sensations provoquées par des excitations dont on fait varier le rythme, la fréquence et l’intensité.

Nous allons rapidement examiner les résultats auxquels conduisent ces différentes méthodes.

Méthode de l’excitation cérébrale directe. — Si l’on excite directement par l’électricité certaines parties de la surface des circonvolutions cérébrales (régions rolandiques), cette excitation détermine un mouvement dans certains membres. Il y a donc tout d’abord à rechercher quelle est la vitesse de la réponse.

MM. Franck et Pitres ont fait sur ce point des expériences très précises[1], et ils ont trouvé comme minimum du temps perdu dans

  1. Travaux du laboratoire de M. Marey, t. IV, p. 430.