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CH. RICHET. — l’irritabilité cérébrale

tricité n’agit que par les modifications vaso-motrices qu’elle détermine dans certaines régions localisées de l’encéphale[1]. Mais cette opinion est sans doute trop exclusive. En examinant attentivement les artères d’une région cérébrale excitée, on ne voit pas qu’elles se rétrécissent notablement quand le courant électrique les traverse. Certes les changements de circulation peuvent stimuler l’encéphale, mais d’autres actions sont aptes à mettre en jeu son excitabilité sans déterminer un changement vasomoteur. On ne peut plus admettre que, si le cerveau répond par une réaction motrice ou sensitive à l’excitation électrique, c’est parce que les artérioles de son tissu changent de calibre.

Nous pouvons donc, en résumé, conclure de ces divers faits et de la discussion que nous en avons établie :

1o La substance grise du cerveau est probablement excitable par l’électricité, alors que les agents mécaniques et chimiques sont inefficaces ou à peine efficaces.

2o Les excitants du cerveau qui sont le plus efficaces sont l’influx nerveux centripète et les changements de circulation ;

3o Le cerveau enflammé est beaucoup plus excitable que le cerveau sain.

Mode de réaction aux excitants. — Il nous faut maintenant, en suivant l’ordre qu’on a adopté pour l’étude des muscles, des nerfs et de la moelle, envisager le mode de réaction du cerveau aux excitants physiologiques. Cette étude peut être tentée, quoiqu’elle soit encore bien obscure.

Assurément il serait très désirable de pouvoir donner une relation simple entre l’excitation et la réaction pour le tissu nerveux central, comme les physiologistes ont réussi à le faire pour les nerfs périphériques et pour les muscles ; mais les recherches exécutées jusqu’à présent ont été peu fructueuses, ou du moins les données positives qu’on a obtenues ne permettent que des inductions, et non des affirmations, sur la manière d’être et de réagir du tissu nerveux central.

Il me semble même que la physiologie générale de l’encéphale, au point de vue de la réponse du tissu cérébral à l’excitation, est une question qui a été bien rarement envisagée dans son ensemble, et qui par conséquent est d’un abord assez périlleux. Ce n’est donc

  1. Je renvoie, pour plus de détails sur ce point, à ma thèse sur les circonvolutions, 1878, 2e partie, ch. I, p. 68 à 84.