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notices bibliographiques

vouloir, attribuée à l’individu social : il est donné comme une vérité première que l’homme peut distinguer le bien du mal pour lui-même et pour ses semblables, en vertu des facultés innées de son esprit. D’après cette théorie communément acceptée dans la pratique, les phénomènes de la conscience représentent, dans les états de santé et de maladie, les degrés extrêmes de la dynamique psychique ou mentale. L’auteur professe une doctrine tout autre, Selon lui, les vérités qui constituent la médecine anthropologique ne se résolvent pas, en dernière analyse, en états de conscience, La médecine aujourd’hui déclare stériles les questions tendant à savoir si la liberté réside dans l’esse ou dans l’operari ; s’il existe un liberum arbitrium indifferentiæ ; s’il y a deux consciences, une psychologique, et une morale ; s’il est certain que nous possédions un actus interior (Cicéron), organe de la conscience ; si la volonté est l’objet principal ou même exclusif de la conscience (Schopenhauer). Toutes ces questions et autres analogues, la critique historique nous montre les siècles impuissants à les résoudre, tandis que la fréniatrie, pour ne parler que de cette application de la médecine anthropologique, influe chaque jour sur le progrès législatif, en qualité de science concrète et expérimentale, uniquement fondée sur l’analyse.

La seconde partie de la thèse est consacrée à un sommaire examen de la législation actuelle, que l’auteur apprécie d’après les principes exposés dans la première partie de son discours. Il, étudie successivement la nature intime de la loi, du délit et de la peine ; il indique ensuite, d’une façon générale, les réformes que le droit pénal actuel peut attendre des progrès de l’anthropologie générale. Ce sont là des considérations faites pour attirer l’attention des philosophes proprement dits, mais surtout pour intéresser les philosophes légistes, et particulièrement les spécialistes de la criminalité.

Bernard Perez.