Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 12.djvu/555

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
551
notices bibliographiques

Ce livre n’est pas un cours de logique, mais une série de quatorze leçons sur la logique. L’auteur est si bien renseigné sur la matière qu’il traite, si complètement au courant de tout ce qui a été dit, même de nos jours, sur les grandes questions philosophiques, que nous n’es sayerons pas de présenter une analyse même succincte de son étude pleine de faits et d’idées, où l’exposition s’unit à la discussion, sans diminuer la valeur didactique de l’œuvre. M. Varona porte légèrement son érudition ; il s’avance à travers les systèmes, d’un pas franc et décidé, et il se fait suivre avec la plus grande facilité. Ainsi, dans sa première conférence, quelques pages lui ont suffi pour exposer les progrès de la philosophie à notre époque, pour caractériser, à côté de notables reproductions des antiques systèmes, quelques doctrines de transition et quelques théories nouvelles : des transcendantalistes, des finalistes, des criticistes, des évolutionnistes, des phénoménalistes, les doctrines et les noms sont vivement mis en lumière. Mais l’auteur, qui les soumet tous à un rapide examen, se prévaut-il au moins d’un système particulier ? Plus qu’il ne le prétend, à ce qu’il nous semble. Ainsi, dans sa première leçon, après avoir dit qu’un cours de philosophie suppose une philosophie, il déclare pourtant qu’il ne vient pas en enseigner une à ses auditeurs : car la philosophie n’est pas faite encore : mais il faut lui répondre que celle de notre temps existe vraiment déjà, et que c’est d’elle qu’il se réclame, tout le long de son livre, de cette philosophie de l’expérience librement et curieusement interprétée, de cette philosophie qu’on peut appeler la philosophie expérimentale critique.

Du reste, au milieu de la lutte chaque jour plus acharnée des opinions, l’accord dans les méthodes est un fait de jour en jour plus accentué. La grande conquête philosophique de notre siècle, c’est la véritable méthode, la connaissance assez exacte du mode de fonctionnement de l’esprit, qui reste identique, dans l’infinie variété de ses conceptions. Le but de l’auteur sera donc de passer en revue ce que les deux parties de la logique, la partie formelle et la partie inductive, fournissent dès maintenant d’acquisitions positives pour fortifier éclairer et stimuler l’intelligence. Dans deux autres séries de conférences, il demandera la preuve de ces acquisitions solides à deux applications de la méthode, à deux sciences nouvelles, la psychologie et la morale, considérées naguère comme des branches de la philosophie.

Ne voulant pas dépasser ici les limites d’une simple notice, mais désirant cependant indiquer au moins l’esprit et la composition du livre, nous nous contenterons de transcrire au hasard le sommaire d’une de ces conférences. En voici la simple traductions

« Dixième leçon. — Défauts des procédés expérimentaux. — Moyens d’y suppléer. — Pluralité de causes. — Mélange des effets. — Neutralisation des influences contraires. — Influence réciproque des causes et des effets. — Description de C. Lewis. — Calcul des probabilités, — Coïncidences constantes, fortuites et probables. — Terme moyen. —