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notices bibliographiques

Et, appliquant ces mêmes principes précisément à l’ouvrage que nous présentons aux lecteurs de la Revue philosophique, M. Derenbourg s’exprime ainsi : « Les passages nombreux cités dans ce travail consciencieux se contredisent constamment, et, à côté d’une opinion émise par un docteur, on rencontre immédiatement l’opinion opposée d’un autre rabbin, non moins autorisé, Tout est individuel, et nulle part la moindre trace d’une tendance à se constituer en une sorte de sanhédrin, pour imposer aux juifs un corps de doctrines invariables[1]. »

Sous ces sages réserves, l’emploi de l’estimable et laborieuse compilation due au regretté F. Weber ne pourra qu’être très utile. Il n’est que juste d’ailleurs de reconnaître que l’auteur a restreint lui-même le sens du terme de « système » placé en tête de son ouvrage. Dès les premières pages de l’introduction, nous lisons en effet ce qui suit : « Si nous parlons d’un système théologique de l’ancienne synagogue, nous n’entendons point par là un système au sens scolastique du mot, une dogmatique formelle. On n’a jamais rien connu de semblable dans la synagogue, quand bien même, au moyen âge, on aura traité certains points de doctrine touchant la foi ou les mœurs tantôt au point de vue de la tradition, tantôt au point de vue de la philosophie religieuse. Il n’en est pas moins vrai que, dans les écrits religieux qui jouissaient de la considération générale, nous rencontrons constamment certaines idées religieuses, partout les mêmes, idées dont l’origine doit être rapportée sans contestation à un même et unique principe religieux. Sans donc aboutir à une dogmatique proprement dite, le principe nomistique s’est fait valoir dans toutes les directions de la pensée religieuse juive. Or, en rassemblant les traits essentiels de la pensée juive et en les ordonnant de façon à en former un tout, d’autre part en rattachant partout ces traits particuliers au principe dont ils découlent, nous donnons bien un exposé de la théologie juive[2] »

Les divisions de l’ouvrage sont sans doute trop multipliées et se ressentent quelque peu des souvenirs théologiques de l’auteur. Ce défaut est surtout sensible dans la première partie, intitulée Doctrine des principes et dont les deux subdivisions traitent successivement du principe matériel et du principe formel du nomisme. Sous ces chefs par trop abstraits, on trouve cependant une substance plus compacte qu’on ne pourrait le penser tout d’abord. Ce sont : chap. I, lim plantation historique de la nomocratie dans la communauté néo-juive ; Chap. II, la loi, révélation de Dieu ; chap. III, la légalité, essence de la religion ; chap. IV, la communion de Jéhovah avec Israël conditionnée par la Thora (loi mosaïque) ; chap. V, Israël, peuple de la Thora au milieu des autres peuples ; chap. VI, le caractère religieux et la destinée du monde païen ; chap, VII, la parole écrite ; chap. VIII, la tradition orale ; chap. IX, la preuve scripturaire, et chap. X, l’autorité des

  1. Revue des études juives, octobre-décembre 1880, p. 180-181.
  2. Eunleitung, p. x.