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ments déjà publiés : par exemple, les lettres de Galilée à Boulliau du 1er janvier 1638 et du 30 décembre 1639, le Traité de mécanique, dont la date est maintenant fixée aux mois de février-mars 1623, la lettre : au Cardinal Orsino sur le flux et le reflux de la mer, la réponse au problème de Pierre Bardi. Quelques-unes de ces variantes sont curieuses et devront remplacer dans la prochaine édition de Galilée les lectures empruntées à des copies plus infidèles. M. Henry a trouvé ensuite un assez grand nombre de documents inédits qu’il publie, quand ces documents sont remarquables, ou qu’il analyse, lorsqu’ils sont moins importants. Signalons comme particulièrement heureuse la découverte d’un éloquent fragment d’une lettre de Galilée à Élie Diodati dont Viviani, par crainte de l’Inquisition, n’avait osé publier que quelques lignes. « Il faut, dit le grand homme, que les amis absents se contentent de ces généralités, parce que les particularités qui sont très nombreuses dépassent trop les bornes d’une lettre. Soyez content, tranqullisez-vous et consolez-vous à la pensée que je puis encore être en état de mettre au net mes autres travaux et de les publier. » Vient ensuite une lettre également inédite, magnifique de résignation, de reconnaissance et de clairvoyance, adressée par Galilée à son ami Peiresc. Le troisième document est une relation de miracle adressée à Galilée et à un Père François, que M. Henry montre bien être le Père Famiano Michelini, Le quatrième est une liste d’objections adressées par l’Académie de Paris aux familiers de Galilée et à ses amis les Lynx, concernant les Dialogues sur deux sciences nouvelles. Le cinquième est une lettre inédite de Torricelli, dans laquelle, entre autres choses, on trouve exprimés des doutes sur une proposition numérique de Fermat, reconnue fausse par Euler. Le sixième est une lettre de Gastelli, le célèbre hydraulicien, sur une proposition géostatique qui a fait grand bruit dans le monde mathématique au xviie siècle. Le septième est une lettre moitié folle, moitié mystique du même géomètre adressée à Dino Peri pour le consoler de la mort de son père. Les huitième et neuvième pièces, qui proviennent de la même source, se rapportent à des sujets tout spéciaux, à des alluvions du Tibre et aux débordements du lac de Bientina. En terminant, M. Henry émet l’idée que « des recherches et des collations dans les grandes bibliothèques de l’Europe ne manqueraient pas d’aboutir à quelques glanes heureuses » ; il signale à l’appui de son assertion d’après un savant hollandais, M. Baudet, dans les Archives de La Haye, l’original d’une lettre de Galilée qui diffère sensiblement de l’édition imprimée[1]. Espérons que, grâce à plusieurs monographies comme celle que nous venons d’analyser, nous posséderons bientôt un Galilée complet et définitif.

Z.

  1. Cet original vient d’être réédité complètement, sur les citations, de M. Henry, par M. Antoine Favaro, sous le titre : La proposta della Longitudine fatta da G. Galilei alle confederate provincie belgiche. Venezia, 1881. (Actes de l’Institut vénitien, volume VII, série V.)