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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


Roisel. La substance. In-12. Paris. Germer Baillière.

C’est un essai de synthèse scientifique et philosophique, ou, selon ses propres expressions, de philosophie rationnelle, que M. Roisel a entrepris dans son ouvrage sur la substance[1]. Il repousse tout système à priori : l’expérience et le raisonnement, dit-il, nous donnent seuls une certitude absolue et nous suffisent pour rechercher la cause des phénomènes de l’univers. Le livre est donc divisé en deux parties, strictement égales, où la question est traitée 1o au point de vue scientifique ou physique, 2o au point de vue logique ou, pour mieux dire, métaphysique.

« Tout ce qui se manifeste est substance, et toute substance se manifeste par un phénomène quelconque. » Les atomes infinis en nombre, et identiques, se meuvent perpétuellement dans l’espace logiquement infini, où ils se tiennent en équilibre en raison de cette infinité même. Un certain nombre se sont soustraits à cet équilibre, nous ne savons comment, et constituent les corps actuels. M. Roisel nous donne ainsi, à la suite de sa définition de la substance, un résumé de physique générale d’après les dernières conclusions ou hypothèses des savants modernes ; nous glisserons sur cette partie de l’ouvrage, qui est intéressante à coup sûr et bien traitée, mais qui n’est ni bien originale au point de vue de la science, ni surtout, à notre avis, bien concluante au point de vue philosophique[2]. L’idée essentielle est celle de la perpétuelle activité des molécules matérielles dans tous les états des corps ; nous l’admettrons volontiers, et nous chercherons dans la seconde partie la théorie philosophique de la substance.

L’univers, qui est contingent, doit avoir une cause nécessaire, éternelle, active, multiple par là même (l’action exige un rapport), une par l’identité de ses éléments, mais non pas simple. C’est la substance universelle, bien différente de la substance stérile de Spinoza L’atome est étendu[3]

  1. Un volume in-18, de la Bibliothèque de philosophie contemporaine, 173 p.  3.
  2. Peut-être même, au point de vue scientifique, certains détails sont-ils contestables, par exemple l’expérience sur l’ozone citée pages 28-29 et à laquelle on n’accorde plus la valeur que M. Roisel lui attribue.
  3. Disons en passant que M. Roisel ne comprend guère Spinoza.