et produisent dans le cours du temps un type général de caractère qui dispose à entreprendre du nouveau. La tendance à la spéculation des Anglais et des Américains, et l’extension qu’ils savent donner à leurs entreprises, tant chez eux qu’au dehors, suffisent à signaler ce trait du caractère industriel. Il est vrai qu’à la suite de la réduction considérable subie par le militarisme sur le continent l’esprit d’entreprise y a, beaucoup gagné ; mais, dans beaucoup de villes de France et d’Allemagne, des compagnies anglaises ont établi le gaz et l’eau, tandis que des compagnies étrangères n’ont fait en Angleterre que peu de choses dans ce genre ; cela fait reconnaître que l’Anglais industriellement modifié possède une initiative individuelle plus marquée.
Il y a des preuves que le déclin des hostilités internationales, qui accompagne le déclin des hostilités entre familles et entre individus, s’accompagne aussi de l’affaiblissement de sentiments de vengeance. On peut le penser quand on voit en Angleterre les plus graves de ces guerres privées cesser d’abord, laissant seulement subsister les moins sérieuses sous la forme du duel, qui a pris fin à son tour : car la cessation du duel coïncide avec le récent développement de la vie industrielle, et dans les sociétés française et allemande, plus militaires, cette coutume n’a pas encore disparu. L’autorité de la loi du talion a si bien décliné en Angleterre, que l’on réprouve bien plus qu’on ne loue l’homme dont on sait que les actes sont conduits par le désir de se venger d’un autre qui lui a fait tort.
Avec la décroissance des penchants agressifs révélés par les actes de violence et les actes qui en sont les conséquences, les représailles, va la décroissance des penchants agressifs qui se révèlent dans les actes criminels en général. Quiconque connaît l’histoire du crime en Angleterre ne saurait mettre en doute que ce changement ne soit un accompagnement du Changement d’un état plus militaire à un état plus industriel. « L’étroite relation qui existe, nous dit M. Pike dans son ouvrage sur ce sujet, entre l’esprit militaire et les actions que l’on appelle aujourd’hui des crimes, s’est révélée maintes fois dans le cours de l’histoire d’Angleterre. » Si nous comparons un passé durant lequel les effets des occupations martiales étaient bien moins restreints par ceux des occupations pacifiques, qu’ils ne le sont devenus de nos jours, nous apercevons une différence très marquée au point de vue du nombre et du genre des attentats contre les personnes et les propriétés. Il n’y a plus de boucaniers. On n’entend plus parler de naufrageurs, et les voyageurs ne prennent plus de précaution par crainte des voleurs de grand chemin. De plus, la perversité qui se faisait connaître dans les régions du gouvernement,
