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PÈRIODIQUES.Philosophische Monatshefte.

sur l’abrégé de la vie de M. Descartes ; la réponse aux réflexions (No 9), et les Animadversiones in partem gener. Principiorum Cartesianoruim.

Vozkelt : Les difficultés logiques que présente la formation des concepts les plus simples. La théorie courante sur la formation des notions générales les fait sortir d’un travail de comparaison et d’abstraction qui réunit dans un même concept les caractères communs à une classe d’objets particuliers et écarte les caractères différents. Mais que peut bien être, comme le remarque judicieusement Lotze dans sa Logique, un triangle et qui n’est hi équiangle, ni isocèle, ni scalène, qui n’est ni grand ni petit, qui ne possède ni angle droit, ni angle aigu, ni angle obus. « La pensée du général n’est possible qu’autant qu’elle est associée à l’intuition du particulier. » Il faudrait, pour que le concept fût pleinement entendu, que l’esprit envisageât et écartât en même temps de la notion générale tous les caractères différents des objets, dont il ne veut affirmer que les caractères communs. À cette lâche ne pourrait suffire qu’un entendement intuitif. Former un concept, c’est par un acte indivisible de la pensée saisir, pour les distinguer, les qualités essentielles et peu nombreuses qui sont communes aux objets particuliers, et les qualités accidentelles et innombrables, qui varient de l’un à l’autre, Mais comment embrasser d’un seul coup d’œil tant de caractères différents ? On peut dire, avec Wundt, que le concept rigoureux est comme un idéal de la pensée, que la faiblesse de notre entendement ne nous permet pas de réaliser complètement, et dont chaque esprit s’approche plus ou moins suivant le degré de sa culture. Dans la formation du moindre concept se manifeste ainsi l’opposition de notre double nature : de la connaissance sensible ou discursive, qui ne peut rien saisir que sous la loi du temps et de la succession, et de la connaissance rationnelle, qui veut envisager les choses d’un regard unique et, comme dit Spinoza, sub specie ælernitatis. — Comment se fait-il maintenant que des concepts dont le sens est toujours si imparfaitement déterminé dans la conscience de chaque individu, que les mots par lesquels ils sont traduits suffisent à l’échange des pensées, au commerce des esprits ? N’est-ce pas que ces mots provoquent chez ceux qui les entendent des processus inconscients et spontanés d’interprétation qui en déterminent dans chaque cas la véritable signification ? L’analyse de l’opération la plus élémentaire de la pensée logique nous conduit ainsi aux résultats les plus inattendus, et nous montre la nécessité d’éclairer par la psychologie les problèmes soulevés par la pure logique.

A. Doering : Principes de logique générale. 1re partie (Dortmund, Kœæppen, 1880). L’auteur veut séparer nettement la logique de la théorie de la connaissance, ou, en d’autres termes, « la pensée théorique ou immanente de la pensée pratique ou transcendante, » Il ne réclame pour la logique d’autre fondement que la psychologie ; mais il mêle à ce qu’il appelle la psychologie bien des considérations qui relèvent de la théorie de la connaissance.

H. Witte : La philosophie de nos grands poètes, Essai sur l’his-