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PÈRIODIQUES.Philosophische Monatshefte.

définit pas avec assez de précision les diverses espèces de la connaissance, désignées par les noms d’opinion, croyance, savoir. Il n’en a pas moins l’incontestable mérite de montrer que les actes volontaires, qui accompagnent la pensée logique, constituent ce qui la distingue essentiellenient de la simple association des idées.

Maximilien Drossbach : La force el le mouvement, au point de vue de la théorie des ondulations lumineuses et de la théorie mécanique de la chaleur (Halle, Pféffer, 1879). Étude pénétrante et souvent originale sur quelques-uns des problèmes les plus importants qu’agitent la théorie de la connaissance et la philosophie de la nature. Écartant résolument tous les mensonges de la perception sensible, Drossbach n’admet dans la nature que des forces immatérielles, des énergies individuelles, partout répandues dans l’espace et impérissables. Ces essences immuables, éternelles sont les véritables causes de tous les phénomènes qui se succèdent : il n’y a pas de causalité réelle dans le monde des faits. La causalité, appliquée aux phénomènes, n’est qu’une forme subjective de la pensée, qui nous sert à en ramener à l’unité la mobile diversité. La causalité ainsi entendue n’enlève donc rien à la spontanéité des véritables substances ; mais la doctrine de Drossbach ne suffit pas à rendre compte de la conscience. Douer toutes les forces de la faculté de sentir, c’est consulter son imagination, non l’expérience et la raison critique. Malgré l’audace de certaines hypothèses, le livre de Drossbach mérite d’être consulté par les métaphysiciens.

Ernest Naville : La logique de l’hypothése. Il ne manque à cette savante étude que de rappeler ce que la théorie des hypothèses scientifiques doit à Kant, à Lotze et à Wigand. Le livre de ce dernier sur le darwinisme méritait de n’être pas passé sous silence.

Anton V. Leclair : Le réalisme de la science moderne à la lumière de la critique de la connaissance instituée par Berkeley et Kant (Prag, Tempsky, 1879). L’auteur réfute victorieusement le réalisme vulgaire de la science moderne. Mais il paraît croire que l’idéalisme subjectif de Kant est le dernier mot de la pensée. Ii ne voit pas que le nominalisme et le scepticisme menacent d’occuper la place d’où la critique a chassé l’ancien dogmatisme. Il faut à la métaphysique du passé substituer une métaphysique idéaliste, qui s’accorde avec les résultats de la critique. Cet idéalisme critique, il est facile d’en trouver les principes essentiels dans la Doctrine de la science de Fichte, dans la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, dans la Dialectique de Schleiermacher. Il n’y aurait qu’à reprendre et à développer, en les corrigeant sur quelques points, ces fortes doctrines, que notre temps semble prendre à tâche d’ignorer.

Hoeffling : Les fondements d’une éthique vraiment humaine (Bonn, Strauss, 1880). La doctrine de l’évolution est trop exclusivement invoquée à l’appui des théories de ce livre, Mais, outre qu’elle n’est pas encore à l’abri de toute objection, on se demande comment la doctrine de la libre personnalité et de l’idéal moral peut reposer sur un fondement purement empirique.