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LA PSYCHOLOGIE

EN ÉCONOMIE POLITIQUE

(Fin[1]).

II

L’invention et l’imitation.

Aux problèmes ordinaires que discute l’économie politique : Comment se produit, se répartit et se consomme la richesse ou la valeur ? on devrait donc substituer ou ajouter ceux-ci : Comment naissent et grandissent le désir de produire et le désir de posséder la chose ou le service d’autrui ainsi que la confiance dans leur utilité ? Comment se répondent et se distribuent ces désirs et cette confiance ? Et quel est l’état de l’âme final où ces transformations nous conduisent ? Réservons cette dernière question, et ne nous attachons qu’aux deux précédentes, relatives à la quantité plus ou moins grande et à la distribution plus ou moins inégale du désir et de la foi économiques.

La quantité de notre foi ou de notre désir en général est influencée par mille causes organiques ou physiques, dont nous n’avons pas à nous occuper. Les causes proprement sociales doivent seules attirer notre attention. — Nos sensations, nos certitudes immédiates et continuelles sont la source toujours coulante où nous puisons la mince partie de notre somme de foi, que nous convertissons en force logique. La source où nous puisons la partie de notre somme de désir (et aussi de foi) que nous convertissons en force économique est au fond la même. C’est ce que nous voyons, sentons, touchons qui éveille nos désirs de voyage, d’entreprise, d’instruction, etc., alors même qu’ils semblent éveillés par ce que nous lisons, par ce qu’on nous raconte, par ce que nous imaginons. Mais, dans ce réservoir

  1. Voir la Revue philosophique, t. XII, p. 232.