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DU RÔLE DU MOUVEMENT

DANS LES

ÉMOTIONS ESTHÉTIQUES

(Fin[1].)

SECTION II

Des Beaux-Arts qui relèvent de l’audition
1o Généralités sur les sensations auditives.

Les sensations auditives, appelées sons musicaux, ont ceci de très particulier que les perceptions, dont elles fournissent les matériaux à l’esprit, n’entrent pour rien, ou presque rien, dans les émotions esthétiques qu’elles nous causent. De la qualité spéciale d’une sensation auditive donnée, je tire la conclusion que c’est un violon qui joue. Ce jugement, porté par l’esprit, reste le même, que le violoniste accorde son instrument, ou qu’il exécute le sublime concerto de Beethoven. Cette conclusion n’ajoute ni ne retranche absolument rien à l’effet artistique.

Quel est donc ici l’élément de l’émotion esthétique ? Pour le déterminer, nous commencerons par rappeler ici certains faits connus de tous.

Le son présente trois qualités, qui sont : la hauteur, l’intensité, le timbre.

a. Hauteur. — Dans toutes les langues connues on dit que les sons montent ou descendent, par degrés discontinus, le long d’une sorte de ligne, d’échelle (scala), appelée en français gamme. Il y a des sons hauts et des sons bas. Ils sont séparés les uns des autres par des intervalles susceptibles d’être divisés, subdivisés, reportés les uns à la suite des autres, comparés dans des rapports d’égalité ou de différence, exactement comme les distances respectives

  1. Voir le numéro précédent de la Revue philosophique.