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E. REHNISCH. — hermann lotze

science et les études scientifiques d’après les mathématiques et les sciences naturelles et qui se trouvait en contact perpétuel avec tous les coryphées de ces domaines scientifiques dont il était le collègue à la Georgia Augusta. Il faut regretter vivement pour lui-même et dans l’intérêt de la philosophie elle-même qu’il se soit conformé dans l’accomplissement de ses devoirs professionnels aux idées traditionnelles en rapport avec l’état des choses d’il y a un siècle, et qu’il n’ait pas jeté sa considération dans la balance pour créer un état de choses plus digne de la science et plus conforme à celui qui était accepté depuis longtemps pour les autres branches de l’enseignement universitaire. Mais il faut se souvenir et tenir compte de la situation telle qu’elle était alors, si l’on veut apprécier tout le mérite des efforts glorieux de Lotze pour développer et élargir le domaine de la philosophie. Il n’est parvenu à ce but que par un travail incessant, excessif, qui mettait en péril sa santé et même sa vie. Ses amis de Göttingue racontent encore quelle activité il a déployée particulièrement pendant les deux années où il a composé son Makrokosmus. Celui qui trouve plaisir à lire ce précieux ouvrage doit aussi penser avec reconnaissance au savant médecin qui à veillé nuit et jour sur la santé de l’auteur et qui a mérité d’être l’une et la première des deux personnes auxquelles Lotze a dédié son œuvre : je parle de Wilhelm Baume.

« L’activité qui crée de nouvelles valeurs, » selon l’expression déjà citée de Freitag, est considérée par tout le monde comme la plus noble. Lotze a tenu à exercer sa profession de cette manière noble, dût-il y laisser la vie. Après les deux exposés de métaphysique et de logique, dont il a été question plus haut, il consacra une série de publications à l’utilité des considérations philosophiques dans l’étude de la médecine. Il voulait d’une part aider à faire entrer les théories de la physique moderne même dans l’observation des phénomènes de l’organisme vivant et détruire les idées fausses, stériles au point de vue scientifique, qui étaient un héritage des temps passés ou que la philosophie naturaliste de Schelling avait mises à la mode. D’autre part, il cherchait à répandre parmi les médecins des vues exactes et scientifiques sur la question des rapports réciproques entre l’âme et le corps, question débattue sur les limites de la physiologie et de la psychologie. Il faut ici citer en première ligne La pathologie et la thérapeutique considérées comme sciences mécaniques (Allgemeine Pathologie und Therapie als mechanische Naturivissenschaften, Leipzig, 1842 ; 2e éd., 1848). À cet ordre d’idées se rattachent encore les contributions de Lotze au Manuel de physiologie de Rud. Wagner ; outre l’article sur « la vie, la force vitale » (1843), qui a obtenu une