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E. REHNISCH. — hermann lotze

qui fut plutôt consacré à la préparation à la carrière professorale qu’à l’exercice de la médecine, il retourna à Leipzig, se fit recevoir agrégé à la Faculté de médecine en automne 1839, quelques mois plus tard agrégé à la Faculté de philosophie. En 1843, il fut nommé professeur extraordinaire de philosophie à l’université de Leipzig, et à Pâques 1844 il fut appelé, sur les instances de Rud. Wagner le physiologiste, à Göttingue pour remplir la chaire laissée vacante depuis deux ans et demi par suite de la mort de Herbart.

C’est là un succès dans la carrière universitaire tel qu’on n’en peut concevoir de plus rapide. Cependant il est impossible de nier que ce succès n’a pas été favorable sous tous les rapports aux travaux scientifiques de Lotze. Si l’on compare, par exemple, l’Exposé de logique publié par Lotze en 1874 avec celui de Sigwart, on n’hésitera pas un instant à reconnaître que l’Exposé de Lotze est supérieur à celui de Sigwart par une riche abondance d’observations particulières, fines et justes, mais dont la justesse souffre quelquefois par suite de trop longs développements ; la structure totale, la forme donnée l’ensemble satisfont davantage chez Sigwart. Et ce n’est pas le seul cas où, tout en reconnaissant l’élégance du style et la supériorité dans l’exposition des détails, on se soit plaint de la difficulté de comprendre l’ensemble dans les écrits de Lotze. Il faut faire cette remarque : Lotze était très jeune quand il publia et enseigna des vues générales sur différentes parties de la philosophie ; à l’âge de vingt-quatre ans, il publia (Leipzig 1841) un Exposé de métaphysique ; à l’âge de vingt six ans (Leipzig 1843) un Exposé de logique ; à l’âge de vingt-sept ans, il fut appelé à Göttingue et chargé d’enseigner nolens volens n’importe quelle partie de la philosophie, et toujours deux ou trois simultanément. C’était donc à une époque de sa vie où, naturellement et d’après son propre aveu, il ne pouvait avoir aucune opinion définitive sur les différentes questions qu’il traitait. Il s’est tiré d’embarras aussi bien que la situation le permettait ; il adoptait sans plus ample examen pour les parties de la philosophie qu’il avait à enseigner les idées fondamentales et les divisions qui étaient tombées dans le domaine commun, ou, s’il n’en existait pas de telles, il prenait celles qui étaient enseignées dans l’école de Herbart comme étant les plus exactes. Souvent il lui arrivait d’exposer sur une question les opinions opposées qui régnaient alors et qui agitaient le monde scientifique, particulièrement celles de Fichte, Schelling, Hegel d’une part, et celles de Herbart, d’autre part ; il exprimait naturellement ses propres vues, quand même elles n’étaient pas fixées d’une manière définitive, sous forme de la critique de ces maîtres ou de complément de ses exposés. Il ne songeait nulle-