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HERMANN LOTZE

SA VIE ET SES ÉCRITS


Trois mois après avoir quitté la chaire de philosophie, dans laquelle il avait été le successeur immédiat de Herbart, pour occuper celle de Hegel, Lotze a été enlevé inopinément par la mort au milieu des brillants succès qu’il obtenait à l’université de Berlin. Rodolphe-Hermann Lotze naquit dans cette partie de l’Allemagne qui peut se vanter d’avoir vu naître G.-E. Lessing et J.-G. Fichte. Il s’est toujours estimé heureux d’être le compatriote de ces héros de l’intelligence. De même qu’il rappelle Lessing par la supériorité de son style, par la tendance à présenter les choses d’une façon claire, naturelle, exempte de toute majesté guindée, de même, quand il voulait indiquer brièvement le fond de son système philosophique, il nous révèle sa parenté intellectuelle avec Fichte, dont la maxime : « La mission de l’intelligence ne consiste pas à connaître un esse obscur, mais à agir, » contient la vérité en des termes qui ont sans doute besoin d’être corrigés et développés.

Né le 21 mai 1817 à Bautzen, Lotze, dont le père était médecin militaire en Saxe, vint de bonne heure avec ses parents à Zittau et fit ses premières études dans le gymnase de cette ville. Dans cette ancienne institution qui remontait au siècle de la Réforme régnait une activité féconde, un joyeux entrain, grâce à la personnalité énergique du directeur Frédéric Lindemann, aux professeurs distingués parmi lesquels on comptait Léopold Rückert, plus tard professeur de théologie, grâce aussi à l’administration municipale, qui s’intéressait vivement à son gymnase, et au bourgmestre, le Dr. Haupt, le père du philologue, le dernier représentant de l’indépendance et du caractère particulier aux villes impériales qui ont distingué pendant des siècles les six villes de la Haute-Lusace. Le petit nombre des élèves, qui généralement ne dépassait pas la centaine, ne pouvait qu’être avantageux à l’instruction de chacun en particulier, Cette école peut être fière d’avoir dans le cours de peu d’années préparé aux études universitaires Moritz Haupt, Ernest Apelt (le professeur de philosophie à Jéna, mort prématurément en 1859) et