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socie aux objections d’Ulrici, de Liebmann et de Wundt contre ceux qui se croient en état de ramener aux combinaisons mécaniques de la substance corticale, à l’activité des cellules et à des filets nerveux, les souvenirs et les associations qui les relient entre eux. Mais il reconnaît que la mémoire dépend du cerveau et qu’elle en ressent toutes les altérations. L’étude psychologique à laquelle il croit prudent de se borner contient de judicieuses observations, de fines analyses. Nous y signalons une critique pénétrante et assez neuve de la théorie courante sur l’association des idées. Il ne suffit pas, selon Koch, pour rendre compte de ce fait, d’invoquer les rapports de ressemblance, de contraste, de contiguïté dans le temps et l’espace : les idées ne s’attirent les unes les autres que parce qu’elles ont des éléments communs. On s’explique ainsi l’association de certains sentiments et de certaines idées. Si la visite d’un lieu déterminé a provoqué en moi des sentiments d’une nature particulière, un air de musique, qui me cause des impressions du même genre, peut suffire à réveiller dans mon esprit le souvenir du lieu visité précédemment.

Eugène Westerburg : Critique par Schopenhauer de la doctrine kantienne des catégories (2e article).

L’originalité de Schopenhauer est d’avoir fait ressortir la différence profonde de la connaissance intuitive, que l’entendement nous donne instinctivement du monde extérieur, et de la connaissance abstraite, à laquelle la raison et la science nous conduisent. Les fausses apparences, les illusions sensibles, auxquelles s’attache la première, dominent notre esprit en dépit des raisonnements convaincants de la seconde. Pour n’avoir pas su entendre le rôle de l’entendement et mesuré l’œuvre du principe de causalité dans le développement de la connaissance intuitive, Kant n’a vu dans les catégories que des fonctions de la pensée abstraite, discursive. Il a voulu les faire sortir de l’analyse des formes logiques du jugement. Schopenhauer n’a pas eu de peine à montrer tout ce qu’il y avait d’arbitraire dans ce procédé. Il est trop facile de reconnaître que la table des jugements est dressée artificiellement, en vue de légitimer la distinction des catégories, et que le nombre et la classification des catégories trahit le goût excessif de Kant pour la symétrie. La théorie de Schopenhauer explique mieux l’origine et le sens des diverses formes du jugement, au quadruple point de vue de la quantité, de la qualité, de la relation et de la modalité, Elle est magistralement exposée dans son premier écrit, La quadruple racine du principe de raison suffisante. Malgré cette adhésion si décidée aux conclusions de Schopenhauer, Westerburg croit devoir en terminant justifier Kant contre certaines erreurs d’interprétation commises par son critique.

Robert Adamson : La philosophie de Kant, traduite par Schaarschmidt. Leipzig, 1880.

Thiele déclare se rallier, en grande partie, à l’interprétation donnée par Adamson à la philosophie de Kant. Elle a le grand avantage, sur