Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 12.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
revue philosophique

peuvent ne rien avoir de commun avec l’être, but et objet de l’entendement. Miloslawski formule la divergence de principes entre l’ancienne et la nouvelle logique de la manière suivante : « La première, dit-il, reposait soit sur la conception de la pensée (Descartes), soit sur celle de l’être (Hegel), tandis que la seconde reposé sur la conception da savoir ; non seulement elle enseigne comment il faut unir les idées qui nous sont fournies, mais elle explique encore l’origine et le développement de ces idées. La nouvelle logique, ajoute-t-il, transforme en théorie de principes métaphysiques de l’intelligence tout ce que l’expérience nous procure en fait d’idées. » Les principes de l’idéalisme critique sont résumés encore une fois à la fin du chapitre VI.

L’étude suivante est consacrée spécialement à la caractéristique d’une direction philosophique désignée par l’auteur du nom de réalisme subjectif : alliance particulière de la critique de Kant, de la métaphysique de Herbart et de l’empirisme scientifico-philosophique. Quant à son caractère subjectif, il vient de ce que, discernant à l’exemple de l’idéalisme critique entre la pensée et l’entendement, elle considère la première comme un produit purement subjectif. Ce réalisme n’est point en conflit avec l’idéalisme, ce qui a même permis aux Allemands d’unir ces deux directions sous la dénomination commune de Real-Idealismus. Miloslawski désigne Herbart comme le véritable initiateur de ce réalisme tout germanique. Il détermine son attitude vis-à-vis de Kant avec justesse en rappelant que Herbart reconnaît également la nature transcendante de l’être en soi, mais ne considère nullement le phénomène comme une chose qui en soit tout à fait distincte. Il affirme, au contraire, que le phénomène, tel que nous l’apercevons, est l’être en soi lui-même, compliqué seulement de l’action intermédiaire du « moi ». Cette complication est cause de ce que les « réliatés » absolues nous sont complètement inaccessibles, Selon cette philosophie réaliste, le phénomène ou pour mieux dire l’expérience est la source unique de notre savoir ; la pensée pure à laquelle l’idéalisme avait décerné ce privilège n’est plus employée par le réalisme que, dans le but d’une appréciation méthodique des impressions fournies par l’expérience. Tout exacte que soit cette caractéristique, elle ne nous montre pas cependant comment les idées de Kant ont provoqué la philosophie herbartienne.

La suite de ce chapitre nous expose les processus de la pensée et de la perception au point de vue du réalisme subjectif. Cet exposé contient une contradiction évidente. Le réalisme subjectif, nous dit l’auteur a mis entre la pensée et la perception une limite infranchissable, qui] détermine de la manière suivante : La perception nous fait connaître l’essence des choses prises objectivement ; la pensée en revanche nous dévoile seulement le phénomène, ou physionomie subjective des choses, L’est-à-dire telle qu’elle se présente à notre esprit. Nous lisons cependant un peu plus loin que le réalisme subjectif, tout en considérant l’expérience comme source unique de la perception, reconnaît aussi l’authenticité du savoir fourni par la pensée et par les idées