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écrits de l’école hégélienne et dans l’Esthétique de Th. Vischer en particulier.

6o Dans la théorie de l’art dramatique, la comparaison des deux formes essentielles, le tragique et le comique, avec les conditions et les règles qui leur conviennent, amène des questions d’un ordre très élevé, à peine soupçonnées dans les anciennes poétiques. Celles-ci sont remplies de règles et de préceptes, mais quant aux principes, tout se réduit à des lieux communs, commentaires perpétuels, souvent insipides, de quelques phrases d’Aristote, de la purification des passions pour la tragédie ; pour la comédie, de la représentation du pire ou du ridicule, du ridendo castigat mores, etc. On sait quelle révolution s’est opérée depuis dans la littérature. Au plus fort de la querelle du classique et du romantique, qui annonce une véritable révolution dans le monde littéraire, toutes ces questions ont été transportées sur le terrain le plus élevé de la plus haute philosophie. On a pu voir, sans parler des écrits des Schlegel, des Solger, etc., quelle signification elles prennent dans la philosophie de l’art de Schelling, plus tard dans celle de Hegel et de ses disciples, de Schopenhauer même, etc. Que l’on conteste les résultats de ces théories transcendantes, toujours est-il que le point de vue est changé. La critique et la théorie de l’art dramatique, l’histoire elle-même du drame antique et du drame moderne, de leur opposition, etc., ont été complètement renouvelées, et on peut porter le défi de revenir sur ce point aux anciennes théories.

Donc, sur tous ces points et sur bien d’autres qu’il nous serait facile d’énumérer, notre démonstration par le mouvement est faite, la science a marché, et il est à croire qu’elle ne s’arrêtera pas.

Ch. Bénard.