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BÉNARD. — la théorie du comique

Dumont une monographie sur « les causes du rire » dont le mérite est incontestable, mais qui ne vont guère sur ce point au delà de Jean Paul. En Angleterre, M. J. Sully a décrit avec beaucoup de sagacité le côté moral des caractères en ce qui concerne le ridicule et le comique. Le reste de ses essais se compose d’emprunts faits aux autres écoles. Tout cela n’ajoute rien ou presque rien à ce que nous savons.

Pour épuiser cette liste, nous aurions à jeter un coup d’œil sur les travaux des esthéticiens qui en Allemagne, sans appartenir à aucune école ni avoir de théorie réellement propre, ont cru aussi modifier ce qu’ils doivent à leurs devanciers et se sont formé une doctrine mixte, qu’on peut appeler éclectique. Les principaux sont H. Ritter, Moritz Carrière ; d’autres, semi-herbartistes comme Lotze, ou semi-hégeliens comme M. Schasler, n’ont pas suffisamment développé leurs idées pour qu’on puisse savoir au juste ce qu’ils pensent sur le sujet que nous avons examiné. Nous sommes loin de contester leurs mérites et les services que leurs travaux en fait de théorie, et de critique, d’histoire ou de vulgarisation ont rendus et rendent tous les jours à la science du beau comme à d’autres parties de la philosophie ; mais nous regrettons de ne pouvoir les utiliser.


X

La tâche que nous avons entreprise étant terminée, nous n’avons plus qu’à nous résumer et à conclure.

Le problème dont nous avons essayé de retracer l’histoire dans les phases principales qu’a parcourues l’esthétique allemande est un problème très complexe, qui s’offre sous des faces nombreuses et diverses. Celles-ci, liées entre elles mais distinctes, apparaissent successivement chacune à sa place et à son rang, appelant l’attention du philosophe et de l’esthéticien, voulant être étudiée pour son « compte, mais aussi en rapport avec les autres dans l’ensemble qui doit constituer une vraie théorie. Il y a le côté psychologique et physiologique, le côté métaphysique, le côté à proprement parler esthétique, qui apparaît dans la théorie de l’art en général et de chaque art en particulier (sculpture, peinture, poésie|, le côté spécial de la poésie dramatique qui est le point culminant de l’art.

Or ce problème, d’abord et au début peu important, à peine entrevu et accidentellement étudié, nous l’avons vu se poser, se développer, grandir, s’étendre et se ramifier, prendre des proportions de plus en plus vastes ; ses faces différentes se sont peu à peu