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HERBERT SPENCER. — les corps représentatifs

ments sur ses droits, se procura de l’argent en abaissant un peu plus le titre des monnaies, une sédition éclata à Paris, où la vie du roi fut menacée. Trois mois plus tard, il fut obligé de convoquer de nouveau les États et d’y faire droit aux pétitions de la précédente assemblée, en même temps qu’on lui votait des subsides pour la guerre. Dans une autre assemblée des États généraux en 1366, dit Hallam, « on représenta énergiquement la nécessité de restaurer le titre des monnaies comme la grande condition que l’on mettait à consentir à imposer des taxes au peuple longtemps trompé, par la monnaie avilie de Philippe le Bel et de ses successeurs. » En Espagne, les villes annexées, assujetties de par leurs chartes à certaines taxes et à certains services, avaient à chaque instant à résister à des demandes illégitimes ; tandis que les rois ne cessaient de promettre de ne rien prendre au delà de ce que les lois et les coutumes leur attribuaient et ne cessaient pas davantage de violer leurs promesses. En 1328, Alphonse XI « s’engagea à ne plus commettre d’éxaction, à ne plus faire payer de taxe, générale ou partielle, qui ne fût pas déjà établie par la loi, sans l’assentiment préalable de tous les députés réunis dans les cortès. » Ce qui montre combien les rois tenaient peu compte de ces garanties, c’est qu’en 1393 les cortès, en octroyant un subside à Henri III, inscrivirent la condition suivante : « le roi devait jurer devant l’un des archevêques de ne prendre ni demander argent, service ou emprunt, ou quoi que ce fût des cités ou des villes, ou aux individus leur appartenant, sous aucun prétexte de nécessité, tant que les trois états du royaume ne seraient pas au préalable convoqués et assemblés dans leurs cortès selon l’antique usage. » Il en fut de même en Angleterre à l’époque où la puissance parlementaire s’établit. En même temps que la fusion nationale s’opérait, l’autorité royale marchait vers un absolutisme presque complet, mais une réaction donna naissance à une résistance d’où sortit d’abord la Charte et plus tard la lutte prolongée du roi et du peuple, le roi essayant de briser ses entraves et ses sujets cherchant à les maintenir et à les fortifier. Le douzième article de la Charte disposait qu’aucun écuage ou aide, sauf ceux établis, ne pourrait être imposé sans aveu du conseil national. On vit, avant et après l’extension de l’autorité des parlements, renaître sans cesse des tentatives du roi d’un côté pour obtenir des subsides sans redresser les griefs, et du parlement de l’autre pour subordonner le vote des subsides à l’accomplissement des promesses de redressement.

L’établissement du pouvoir populaire dépendait de l’issue de cette lutte ; on en voit la preuve en comparant l’histoire des parle-