Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 12.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
HERBERT SPENCER. — les corps représentatifs

est adoptée pour la formation d’un corps représentatif, il faut exclure les classes de faits qui n’ont pas de rapport avec notre étude actuelle. Sans doute la représentation telle qu’on la conçoit d’ordinaire, et telle que nous avons à nous en occuper ici, se trouve associée à un régime populaire, mais ce rapport n’est pas une nécessité. En Pologne, avant et après l’établissement de la prétendue forme républicaine, la diète centrale, outre les sénateurs désignés par le roi, se composait de nobles élus dans les assemblées provinciales de nobles ; le peuple était sans pouvoir et ne se composait guère que de serfs. En Hongrie, jusqu’à une époque récente, la classe privilégiée, qui, même « près qu’elle eut été considérablement agrandie, ne comprenait que un vingtième des mâles adultes », formait seule la base de la représentation. « Un comitat hongrois, avant les réformes de 1848. pouvait s’appeler une république aristocratique directe, » tous les membres de la noblesse avaient le droit d’entrer à l’assemblée locale et de voter pour la nomination d’un représentant noble à la diète générale ; mais la classe inférieure n’avait aucune part dans le gouvernement.

Outre les corps représentatifs exclusivement aristocratiques, il en est d’autres qu’il faut éliminer de notre étude. Selon Duruy, « l’antiquité n’ignorait pas autant qu’on le suppose le système représentatif. Chaque province de l’empire avait ses assemblées générales. Les Lyciens possédaient un véritable corps législatif formé des députés de leurs vingt-trois villes. Cette assemblée avait même des fonctions exécutives. » Enfin, Pavie, la Gaule, l’Espagne, toutes les provinces orientales et la Grèce avaient des assemblées analogues, mais le peu qu’on en sait permet de conclure qu’elles ne ressemblaient que de loin par leur origine et leur situation aux corps que nous appelons aujourd’hui représentatifs. Nous n’avons pas non plus ä nous occuper de sénats exerçant le gouvernement, ni de conseils élus par le différentes parties d’une population urbaine, comme ceux qui se formèrent diversement dans les républiques italiennes, corps qui ne servaient que comme agents dont les actes étaient soumis à l’approbation ou à la désapprobation directement exprimées des citoyens assemblés. Nous devons nous borner ici à l’examen du genre de représentation qui se forme dans les sociétés occupant des territoires assez vastes pour que leurs membres soient obligés d’exercer par délégation les pouvoirs qui leur appartiennent ; enfin nous avons à traiter exclusivement des cas où les députés assemblés ne remplacent pas les organes politiques préexistants, mais concourent avec eux.

Il sera bon de commencer par examiner de plus près que nous ne