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BIBLIOGRAPHIES. — O. PFLEIDERER. Religionsphilosophie.

sence et du fondement de tous les phénomènes que nous comprenons sous l’idée de religion, phénomènes qui n’ont pas seulement leur place marquée dans l’expérience subjective de l’individu philosophique, mais dans tout le cercle de la vie historique de l’humanité, et qu’on ne doit point négliger de considérer dans leur réalité objective et historique si l’on veut prétendre à une véritable connaissance de leur nature intime. Au lieu donc de séparer l’une de l’autre la philosophie et l’histoire de la religion, il convient de les traiter concurremment, de façon à faire sortir en chaque point la conception philosophique de étude du matériel historique ; ainsi cette vue philosophique ne sera pas autre chose que la connaissance à la fois discursive et compréhensive des différents facteurs et éléments dont le jeu varié et l’échange constituent la marche de la religion au sens historique. — Je crois, continue M. Pfleiderer, que cette conception de la philosophie de la religion ne peut s’exprimer d’une façon à la fois plus simple et plus exacte que par l’épithète de génético-spéculative ; « mais je prie qu’on veuille bien ne pas porter un jugement sur ce livre avant d’avoir vu de plus près dans quel sens j’entends ce mot de spéculation, Cette méthode génético-spéculative n’a en effet rien de commun soit avec la simple fantaisie, soit avec la dialectique purement formelle qui s’abritent souvent sous ce nom. »

Voici maintenant les principales divisions de l’ouvrage ; sur deux ou trois points, nous donnerons le détail de la table des matières, qui « illustre » la méthode de M. Pfleiderer de la façon la plus transparente.

La première partie traite de l’histoire de la philosophie de la religion, dans les temps modernes, sous les titres de : La philosophie de la religion critique : Lessing et Kant ; — La philosophie de la religion mystico-intuitive : Hamann, Herder et Jacobi ; — La philosophie de la religion spéculative : Fichte, Schelling, Schleiermacher et Hegel ; — Les courants de la philosophie de la religion contemporaine, anthropologisme et néo-kantianisme, schopenhauérianisme, néo-schellingianisme, néo-hégélianisme,

La seconde partie, qui comprend les deux tiers de l’ouvrage, est celle à laquelle nous croyons pouvoir appliquer sans trop d’inexactitude le titre de philosophie de l’histoire des religions. Elle comporte trois grandes divisions : 1o le sujet de la conscience religieuse : la forme de la foi ; 2o l’objet de la conscience religieuse : le contenu de la foi ; 3o la communauté religieuse. La seconde division (le contenu de la foi) est de beaucoup la plus importante, Elle forme à elle seule plus de la moitié du volume. C’est elle aussi qui, à notre point de vue, offre le plus d’intérêt. Il y est traité successivement de la foi en Dieu, de la foi aux anges et au diable, de la foi à la création, de la théodicée (au sens étymologique du mot), de la foi à la révélation et aux miracles, de la foi à la rédemption et au médiateur, de la foi à l’éternité. Voici le détail de quelques-uns de ces chapitres tel que le donne la table des matières.