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J. OCHOROWlCZ. — projet d’un congrès de psychologie

tions, de la perception des dimensions, de la force des penchants réflexes, etc. Enfin les travaux psychophysiques du congrès devraient aboutir à une publication de tableaux et d’autres modèles schématiques, destinés à populariser et à multiplier les expériences.

V. La psychologie criminelle. Il y a beaucoup à faire dans cette branche de la psychologie. Cultivée de préférence par les Allemands : Hoffbauer, Heinroth, Friedreich WHbrand, Günther, etc.), c’est seulement dans les travaux récents de Kraft-Ebing, de Maudstey, de Benedict, etc., qu’elle a pris une direction plus positive. Mais, quelque imparfaite que puisse être cette jeune science, il n’en est pas moins vrai que les codes criminels d’aujourd’hui restent de beaucoup en retard par rapport à ce qu’elle a déjà démontré. Il suffira de donner un exemple. Pour le code pénal français (art. 170, il n’y a qu’une seule maladie mentale qui justifie l’imputabilité, savoir la démence, tandis qu’il y a, comme on le sait, beaucoup d’autres formes d’aliénation, qui excluent la responsabilité à plus forte raison. Le code autrichien parle, il est vrai, de la folie en général, mais il ajoute comme critérium la formule suivante : « une folie dans laquelle le prévenu ne savait pas ce qu’il faisait » (§ 2 de 1852). Or cette formule exclut non seulement les cas de folie raisonnante, de monomanie, de mélancolie, mais aussi beaucoup de cas de démence, où il serait impossible de prouver que l’aliéné ne sût pas qu’il allait commettre un crime. Enfin, le code russe (art. 10 de 1875 et autres) pousse ses réserves à l’extrême. Pour lui, le critère principal, c’est « une perte totale de connaissance ». ce qui évidemment réduit les crimes commis par les aliénés et qualifiés d’imputables presque à de purs accidents. Du reste, tous les codes en général ne distinguent pas entre les idées du bien et du mal et les sentiments de bien et du mal, différence très grave, signalée parfaitement par le Dr Despine.

Toute ces lacunes ne peuvent être corrigées par aucun projet particulier ; mais il est presque certain qu’un vote du congrès psychologique finirait par attirer l’attention des corps législatifs.

VI. La psychologie zoologique, considérée par beaucoup, et non sans raison, comme une des bases de la psychologie générale. Par malheur, elle est encore dans l’état de l’enfance. Ce qui lui manque, ce ne sont pas les observations, assez nombreuses, quoique pour la plupart superficielles ; c’est plutôt le moyen de les préciser, de les amasser et de les confronter les unes par les autres, après s’être entendu quant aux méthodes et quant à la nomenclature. Ce serait donc la tâche du congrès, auquel devront prendre part non seulement les psychologues zoologistes, mais aussi les zoologistes de profession.