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douter non plus que ce ne soit ce système qu’il ait regretté plus tard, d’après Théophraste, de n’avoir pas développé dans le Timée. Car nous ne pensons pas que ce repentir lui soit venu après la rédaction des Lois, date à laquelle sa pensée devait probablement avoir subi de nouvelles évolutions.

On connaît également les grandes lignes des doctrines de Philolaos ; la voûte sphérique des fixes est immobile ; les sept planètes et la terre, plus un neuvième astre, toujours invisible, l’antichtkone (inventé d’après Anaxagore, moins pour compléter le nombre 10 que pour se prêter à des explications d’éclipses), circulent autour d’un feu central que nous ne pouvons deviner que par sa réverbération dans le soleil et les autres astres.

Mais ce que l’on a le moins discuté, c’est l’idée mère d’où est sorti ce système.

Dans les dogmes astronomiques de Pythagore se trouvait un principe de contradiction. Si c’est l’harmonie des nombres qui régit le monde, ce n’est point le mécanisme, et cependant on ne peut comprendre les apparences, le mouvement diurne commun à tous les astres, si la révolution de la sphère supérieure (celle des fixes) n’entraîne pas mécaniquement toutes les autres. Cette explication mécanique est celle que nous avons vu guider Eudoxe dans la conception de son système ; c’est elle qui devait conduire Aristote à y ajouter les sphères ἀνελιττούσαι, destinées à annuler l’action des sphères eudoxiennes des planètes supérieures sur celles des planètes inférieures. Nous avons vu Platon l’admettre dans la République ; elle subsiste déguisée dans le Timée ; mais elle n’en est pas moins aussi antipathique aux tendances intimes de son esprit qu’elle devait l’être à l’ensemble des dogmes pythagoriciens.

Une autre difficulté se présentait dans le système des apparences, du moment où le mouvement diurne était distingué des mouvements propres, distinction qui paraît la gloire de l’école pythagoricienne et qui permettait seule de rapprocher les seconds, comme le fit cette école, de la circulation uniforme.

Les anciens ne pouvaient s’imaginer, au début de la science, — nous l’avons vu par l’exemple d’Anaximandre, — l’énormité de la distance du soleil par rapport à celle de la lune, Eudoxe de Cnide admettait encore qu’elle était seulement neuf fois plus considérable.

    est également possible que le célèbre passage sur le nombre nuptial (Civitas, VIII, 546, b-c) cache une allusion à la grande année de Philolaos. Nous avons proposé une autre explication de ce passage (Revue philosophique, I, p. 171,) mais nous serions disposés à appuyer néanmoins cette conjecture, si les manuscrits se prêtaient à quelques changements de texte favorables.