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L’ÉDUCATION PLATONICIENNE

(TROISIÈME ARTICLE)[1]

VIII

LE MYTHE D’ER LE PAMPHYLIEN

En essayant de décrire l’état de l’arithmétique et de la géométrie à l’époque de Platon, nous n’avons eu l’occasion de tirer des Dialogues aucun indice qui puisse faire supposer que les opinions du philosophe relatives à ces sciences aient jamais changé, au moins à dater du jour où il a commencé à écrire. Sans doute il les avait dès lors suffisamment étudiées pour que sa manière d’en envisager les objets dût demeurer inébranlable.

En astronomie, il en est tout autrement, non pas que Platon eût un rien négligé cette étude ; mais, comme nous le verrons, il semble qu’il n’ait jamais pu s’arrêter, avec une conviction réelle, à aucun système cosmologique, à aucune conception précise de l’ensemble de l’univers. Aussi convient-il que, sur ce terrain, nous changions de mode d’exposition, et que nous nous efforcions, avant tout, de retracer les diverses phases successivement traversées par la pensée de notre philosophe.

M. Schiaparelli, directeur de l’Observatoire de Brera, à Milan, dans un travail qui nous servira de guide[2], a notamment insisté, après Gruppe[3], sur la différence des conceptions cosmologiques exposées dans tel ou tel dialogue ; leur examen offre donc d’autant plus d’intérêt qu’il paraît pouvoir fournir de précieux indices sur les dates relatives de la composition des écrits platoniciens.

Mais cet examen ne peut être essayé sans une remarque préjudicielle ; les conceptions dont il s’agit se trouvent généralement enveloppées dans des mythes dont l’interprétation réclame la plus

  1. Voir les numéros de novembre 1880 et mars 1881.
  2. I precursori di Copernico nell’ antichitá. Milan, Hæpli, 1873.
  3. Die kosmichen Systeme der Griechen. Berlin, 1851.