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J. OCHOROWlCZ. — projet d’un congrès de psychologie

Et maintenant, pour se rendre compte du caractère des questions propres à être discutées par le congrès, passons en revue les divisions principales de la psychologie contemporaine. Elles ne sont ni moins nombreuses ni moins riches en matières que celles de l’anthropologie et de l’archéologie préhistoriques. Les voici :

I. La psychologie générale, fondée principalement sur l’expérience intérieure et sur l’analyse de faits communs, embrassant toutes les questions de terminologie, de classification et de méthodologie psychologique. C’est sur ce terrain qu’une entente entre les savants est surtout désirable, et il serait fort avantageux que le congrès parvint à susciter la publication d’un « Manuel méthodologique » pour servir de guide pratique aux recherches de psychologie. Un pareil livre, indispensable pour la marche régulière des études, nous manque, et l’on se contente habituellement de prolonger l’ancien débat entre les deux méthodes générales, celle de la physiologie et celle de la psychologie introspective, débat depuis longtemps tranché par la pratique. Il n’est plus, ou du moins il ne doit plus être question, de l’emploi exclusif d’une de ces méthodes la psychologie a, non seulement le droit, mais le devoir de prendre son bien où elle le trouve. Ce qui reste à faire, c’est de préciser les détails méthodiques, les méthodes particulières, et surtout celles qui seront susceptibles d’être appliquées dans le domaine de l’observation intérieure, trop négligée de nos jours. Seul M. Galton a essayé é d’y introduire un ordre méthodique[1] ; et cependant je suis pleinement convaincu, par les observations injustement oubliées de Fechner[2], de Weisse, de Drobisch, de Volkmann, de Hankel, etc., sur la psychologie interne, et par mes propres expériences, que, malgré l’incrédulité de l’honorable directeur de la Revue[3], l’expérimentation intérieure est loin d’être impraticable.

Du reste, après avoir si longtemps annoncé et préconisé la méthode empirique en psychologie, il est temps de commencer à la pratiquer. On a bien dit quelque part que le meilleur moyen de prouver la possibilité du mouvement a toujours été de marcher. Tâchons donc de marcher, et que le congrès nous éclaire la route.

La section de psychologie générale n’aura pas de peine à s’assurer un grand nombre de collaborateurs, car il serait convenable d’inviter tous ceux qui reconnaissent la méthode expérimentale,

  1. Voir ses expériences psychométriques dans le Brain de 1879 ; la Revue philosophique de 1879, p. 677, et l’article de Bain sur la statistique d’imagination dans le Mind de l’année courante.
  2. Fechner, Element der Psychophysik, Leipzig, 1860, Bd. II, p. 478 et suiv.
  3. La psych. altem. contemp., p. 19, 20.