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progrès, veut-on lui assurer une position plus respectable que ne l’était celle de la psychologie métaphysique, dite « rationnelle » ? Il n’y a pour le moment aucun autre moyen que celui-ci : ne s’en point inquiéter ; et, en revanche, diriger et concentrer tous les efforts individuels pour faire progresser la psychologie proprement dite, c’est-à-dire préciser les méthodes, accumuler les observations et s’élever lentement aux lois générales.

Il ne saurait y avoir de doute pour personne qu’aucun esprit individuel, quelque vigoureux qu’on le suppose, ne parviendra jamais à créer d’un coup de génie le corps entier d’une grande science. C’est aux travaux collectifs qu’il faut avoir recours. On le comprend déjà, et on le pratique même. Une chose cependant manque aux meilleures tendances actuelles : l’organisation du travail.

Il nous faut donc chercher le moyen d’y arriver. Je n’en vois qu’un seul, et je le soumets au jugement des psychologues : celui d’un congrès international.

Voici comment je me représente la manière de réaliser ce projet. D’abord, une discussion, ouverte par la rédaction de la Revue philosophique, pourrait en éclaircir les points principaux plus que je ne l’ai fait. Puis, on admettant qu’il n’évoque pas une trop grande opposition, en devrait procéder un peu arbitrairement, et c’est à la rédaction de la Revue que je voudrais imposer la charge d’une dictature provisoire. Elle arrangerait un comité d’organisation. Ce comité discuterait les questions pratiques, désignerait le temps et le lieu où se tiendrait la première session, et enverrait des lettres d’invitation aux savants de tous les pays. Quant au lieu, on pourrait choisir entre Paris, Londres, Bruxelles, Leipzig, Vienne ou Bologne.

Le règlement général, conçu sur le modèle de celui du congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques, contiendrait entre autres les paragraphes suivants :

1o Le congrès ne pourra avoir lieu deux fois de suite dans le’ même pays.

2o Font partie du congrès et ont droit à toutes ses publications les personnes qui en ont fait la demande et ont acquitté la cotisation annuelle.

3o Les mémoires lus, les allocutions et les comptes rendus des séances seront publiés sous le contrôle d’une commission élue par l’assemblée.

4o La langue française est seule admise pour les communications verbales pendant les séances et dans la publication du compte rendu, sauf des cas exceptionnels.

5o Sont exclues des débats toutes les questions métaphysiques.