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mais le plus important. M. de Dominicis divise son travail en quatre chapitres, Le premier s’occupe de l’ancienne pédagogie. Le second esquisse les premières lignes d’une pédagogie scientifique ; le troisième expose les règles fondamentales de l’art pédagogique ; le dernier traite du critérium fondamental de l’instruction,

Pour les anciennes théories, M. de Dominicis n’est pas tendre ; d’après lui, la pédagogie n’était pas possible comme science, avec la philosophie idéaliste, empiriste ou critique. Toutes les trois ne donnaient naissance, qu’à une psychologie abstraite et méconnaissaient l’inemprote a du milieu physique et moral. Elles ne savaient pas tenir compte d’un assez grand nombre de circonstances et demeuraient impuissantes.

Le mouvement actuel des sciences expérimentales nous laisse entrevoir les véritables bases de la pédagogie, nous permet de nous en former une conception précise.

L’éducation, en prenant le mot dans son sens large, est un choix, une sélection faite sciemment sur la nature psychique des individus et des peuples, en rapport avec leur milieu physique et moral, leurs tendances héréditaires et le degré de leur développement historique. L’éducation est ainsi une forme du procédé que la nature emploie pour le développement des organismes. Ici le procédé est inconscient, là il est conscient ; mais l’éducateur, que ce soit un individu ou une association, ne fait que choisir, pour les développer, certains caractères, tandis qu’il tâche d’empêcher la croissance de certains autres, et ceux qu’il doit chercher à conserver et à rendre vigoureux sont ceux qui établissent le mieux l’adaptation de l’individu ou du peuple à son milieu physique et moral, qui, dans la concurrence entre les individus d’un même peuple ou les individus de deux peuples, peuvent offrir le plus de probabilité de réussite dans le combat pour la vie.

On comprend que M. de Dominicis attache une grande importance à l’étude de l’hérédité et du milieu. « Une éducation uniforme et absolue pour tous est la négation de la science éducatrice. » Il faut donc connaître la nature particulière des individus qu’il s’agit d’élever et par suite étudier les circonstances qui ont exercé leur influence sur la formation de cette nature. La pédagogie doit s’accommoder aux lieux, aux races, aux peuples.

Le milieu physique et moral des races et l’hérédité déterminent chez un peuple la formation d’un caractère national dans les formes successives duquel la pédagogie trouve un fondement scientifique, Toutefois elle doit tenir compte aussi des différences individuelles et des différences locales. « La prospérité physique et morale ne peut se développer merveilleusement chez un peuple que lorsque tout, du centre à la périphérie, du grand au petit, se trouve dans un état d’harmonieuse coordination. Je veux dire seulement que parmi les formes spéciales il y a une forme plus générale et plus compréhensive, et que c’est en comprenant bien cette forme que l’on trouvera la règle de la pédagogie générale. » C’est en se fondant sur le caractère national tel qu’il se