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REVUE PHILOSOPHIQUE

Il était convaincu que la théologie et la religion n’avaient rien à craindre de la philosophie. Il voulait des théologiens instruits, représentant non pas l’absolutisme de l’Église, appuyé sur l’absolutisme de l’État (nous pourrions citer des phrases bien dures ici, mais étant une puissance intellectuelle et sachant attirer à leurs sermons les classes cultivées. Le thomisme, cette science de prédilection des Jésuites, n’était, plus à la hauteur du siècle actuel. Comme l’évêque de Trèves Arnoldi le dit au pape, dans une lettre qu’il lui adressa à propos de l’affaire de Günther, aux prêtres allemands il ne faut pas une demi-philosophie ; celle-ci peut suffire aux Italiens, aux Espagnols, etc. En Allemagne, comme les attaques contre la religion viennent surtout des philosophes, il faut à ceux-ci opposer des philosophes.

Après sa condamnation, on s’empressa de dire qu’il s’était soumis laudabiliter. Sans les sollicitations de ses amis, il ne l’eût pas fait. Pareil à Galilée, il était persuadé qu’il était dans le vrai. Il fut convenu quel’on poserait au pape la question d’orthodoxie (de fide) sur la nature de l’homme (spiritus et caro ou anima et materia). Elle nous paraît subtile et plutôt théologique que philosophique, quoique ce ne soit au fond que l’éternelle question de l’âme et du corps. Il y est fait de fréquentes allusions dans notre livre, mais pour l’exposer il faudrait lire les ouvrages incriminés eux-mêmes et nous ne savons si un profane en serait fort édifié. Un article de l’Augsburger Allgemeine Zeitung, du 27 janvier 1857, cité vol. II, 335, nous permet den douter, quoiqu’il soit tout à l’éloge de Gunther. Nous le répétons, ce serait l’affaire d’un théologien plutôt que la nôtre. Il nous suffit d’avoir attiré l’attention sur cette nature loyale, pour emprunter une expression de l’article ci-dessus mentionné, que tant d’hommes distingués ont entourée d’un si profond respect ou honorée d’une sincère amitié, et qui longtemps a exercé une influence profonde.

Nous ne savons pas si la philosophie est aussi conciliable avec la religion que le pensait Günther, Car toute religion révélée repose sur le miracle ; en admettre un, c’est ouvrir la porte à tous. Mais la philosophie et la religion sont nées d’un même besoin ; elles s’occupent toutes les deux des mêmes questions : la cause première et la raison de toutes choses, une règle de conduite pour cette vie, nos aspirations à vue vie meilleure : et la philosophie aura certes exercé une influence salutaire sur la religion si elle la rend tolérante dans la mesure du possible et la débarrasse des superstitions trop grossières. Telle nous semble avoir été la lâche poursuivie par le vénérable philosophe autrichien et transmise à ses disciples.

H. Scamidt.


S. F. de Dominicis. — La pedagogia e il Darwinismo, Secanda edizine. Napoli. Nicola Juvene. 1579, 96 p, in-12.

Cesare Rosa. — La familia educatrice, studi e desideri intorno al principii direitivi dell’educazione domestica. Ancona, Ernesto Aurel, 1880. 167 p. in 12.