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h. spencer. — de la différenciation politique

nominalement esclaves, quand elles sont conquises, bien qu’on les laisse vivre dans leur résidence habituelle à la condition de payer un tribut sous forme d’aliments aux conquérants » remarque qui indique l’origine d’arrangements analogues dans des sociétés parentes. Le gouvernement des îles Sandwich, à l’époque de la découverte, se composait d’un roi entouré de chefs turbulents soumis à une époque relativement récente ; mais « les gens du commun, dit Ellis, sont généralement considérés comme attachés à la glèbe et passent avec la terre d’un chef à l’autre. Avant les derniers changement politiques des îles Fidji, il y avait des districts asservis ; leurs habitants étaient tenus de fournir aux chefs des maisons « avec la nourriture quotidienne, de bâtir ces maisons et de les entretenir. » Bien que les vaincus placés dans ces conditions diffèrent grandement par le degré de leur assujettissement en ce que les uns, comme aux iles Fidjis, sont exposés à être mangés quand leurs maîtres en ont besoin, et que les autres ne sont tenus qu’à fournir une quantité déterminée des produits de leur travail, ils se ressemblent en ceci, qu’ils ne sont point détachés de leur résidence primitive. Nous avons tout lieu de croire que le servage d’Europe a pris naissance d’une manière analogue. En Grèce, nous trouvons l’exemple de la Crète où sous les conquérants doriens, existait une population vassale formée, paraît-il, en partie d’aborigènes, en partie d’anciens conquérants, les premiers serfs attachés aux terres de l’État et des individus, et les autres propriétaires tributaires. À Sparte, des causes analogues avaient établi des relations analogues il y avait les ilotes qui vivaient sur les terres de leurs maîtres spartiates et les cultivaient, et les périèques, qui avaient probablement constitué la classe supérieure avant l’invasion dorienne. Il en fut de même dans les colonies grecques après leur fondation. À Syracuse, par exemple, les aborigènes devinrent serfs. Il en a été de même à des époques plus récentes et dans des régions plus près de nous. La Gaule fut assujettie par les Romains, et plus tard la Gaule romanisée fut assujettie par les Francs ; dans les deux cas les individus qui cultivaient le sol furent rarement chassés ils tombèrent seulement dans des positions inférieures inférieures certainement au point de vue politique et aussi, selon M. Guizot, au point de vue industriel. La Grande-Bretagne fournit aussi des faits à l’appui de notre thèse. Avant la conquête romaine, écrit Pearson, « il est probable que dans certaines parties du moins, il y avait des villages serviles, occupés par une race parente des Bretons mais conquise, les premiers occupants du sol. » Les faits fournis par les périodes anglo-saxonne et normande sont plus certains et parlent dans le même sens. « Le ceorl, dit le profes-