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celle des lents-ardents. Nous distinguons, en outre, la classe des pondérés ou des équilibrés, tempérament de juste milieu ou d’heureux équilibre, où ni la vivacité, ni la lenteur, ni l’ardeur n’ont une suprématie évidente.

On peut contester la valeur de ces six classes de caractères moteurs pris comme centres de ralliement de tous les éléments de la personnalité morale ; mais on ne peut nier, tout d’abord, que ce ne soient là des distinctions tout à fait simples, et qui ne demandent aucun effort d’observation : tout le monde peut s’assurer si elles répondent à quelque chose de réel, et d’assez important pour être pris en considération. Je crois bien qu’il en est ainsi ; de chacune de ces qualités nervo-motrices constituant les six classes que je viens d’énumérer, peuvent se déduire un grand nombre de traits de caractères. Que si tout n’est pas dans la vivacité, l’ardeur, la lenteur, et leurs combinaisons essentielles, un grand nombre de traits de caractère, dont elles n’expliquent pas absolument l’origine, sont par elles très particulièrement modifiés. Ainsi, ni la joie, ni la colère, ni la bienveillance, ni la peur, ni le courage, ni l’orgueil, ni la vanité, ne dépendent immédiatement de la vivacité, de la lenteur, de l’ardeur ; mais ces traits de caractère, ces qualités de l’âme, se combinent, ou, si l’on veut, se comportent autrement avec la vivacité, autrement avec l’ardeur, autrement avec la lenteur, autrement avec leurs trois principales résultantes.

Je prévois encore une objection, qui, si « elle était fondée, ruinerait ce système de distinction et cet essai de classification. On parlera de lents à conception prompte, à imagination vive, à décision rapide ; de vifs à la parole lente, à l’imagination paresseuse, à l’esprit réfléchi, aux résolutions mûries, etc. Cela prouve, en effet, qu’il y a des degrés dans les qualités motrices et caractérielles dont il est ici question : un vif peut ne l’être pas en tout également, un lent peut remplir quelques-unes des conditions attribuées h la vivacité. Nos sous-types de la vivacité, de la lenteur, de l’ardeur, tiennent compte jusqu’à un certain point de ces différences. Dans chacune même de nos six catégories, on pourrait noter des individus oscillant entre celle-ci et une autre. Ce sont là des nuances, et rien que des nuances. Quand un individu est décidément ardent, ou vif, ou lent, il l’est avec une certaine prédominance et une certaine persistance de cette qualité maîtresse.

Il faudrait ici une sommation considérable de faits, dont le résumé même le plus succinct prendrait trop de place. Je crois devoir me borner à donner un rapide aperçu, pour chacune des six classes de tempéraments ou de caractères, des principales modifications