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comme organe des fonctions mentales, sont en étroite relation avec tout l’être organique et viscéral ; que le cerveau n’est pas tout, mais l’organisation ou le tempérament non plus. De quelle manière influent-ils l’un sur l’autre, et de quel côté est l’influence prépondérante ? La physiologie ne répond suffisamment à aucune de ces questions. Le psychologue a mieux à faire qu’à les étudier sans compétence et sans profit.

Mais nous pouvons, sans sortir de l’observation psychologique, et sans chercher à établir des classifications complètes et définitives, préparer les voies à ceux qui seront mieux en état que nous d’aborder la grande synthèse. J’essayerai, pour mon humble part, un mode de caractéristique des espèces, qui, sans exclure les autres, peut servir à les compléter, car il montre un côté, jusqu’ici négligé, de la distinction des caractères.

Il a été consacré, dans ces dernières années, de très intéressantes études à la psychologie des mouvements. C’est une idée banale aujourd’hui qu’ils sont l’expression de la personnalité intime. C’est sur cette valeur psychologique des manifestations motrices que se basent la graphologie, science toute jeune, et la mimique et la physiognomonie, sciences bien incomplètes encore, après les savants travaux de Bell, Gratiolet, Piderit, Darwin, Mantegazza, et autres. Mais les mouvements, interprétés de telle ou telle manière, ne font pas que nous renseigner avec plus ou moins de clarté sur les phénomènes simples ou compliqués de la personne morale ; ils sont encore éléments et facteurs de ces phénomènes, comme la monographie de M. Ribot sur l’Attention et les savantes études de M. Binet, publiées dans cette Revue, l’ont très bien montré. Une étude complète, avec un classement rigoureux des diverses formes ou espèces de mouvements, nous représenterait un schéma exact de toutes les modifications possibles de la personnalité humaine. Je n’ai pas la prétention d’en tracer même une simple esquisse. Il me suffira de trouver, dans l’ordre des manifestations motrices, quelques modes génaraux ayant leurs types correspondants de caractères. Ainsi, négligeant toutes les autres formes ou qualités générales de mouvements, je me suis arrêté à ces trois : la vitesse, la lenteur, l’énergie, qui, avec leurs combinaisons entre elles, paraissaient offrir les éléments d’une classification caractérielle très simple et très facile à justifier.

La vitesse, ou la vivacité, l’énergie, ou l’intensité, sont tout à la fois des qualités des nerfs et des qualités des muscles. Que sont-elles au juste par rapport à l’anatomie des tissus et au travail physiologique ? On ne le sait pas encore. Contentons-nous de rappeler que la