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et dont les éléments chromatiniens représentent la partie essentielle. » L’idioplasma a été assimilé, en effet, à la chromatine nucléaire, laquelle peut seule servir de substratum aux propriétés transmises par l’hérédité. Mais ces deux noyaux fécondateurs qui s’échangent entre les deux Infusoires conjugués ne sont pas plus des cellules sexuelles, mâles et femelles, que la conjugaison, phénomène de rajeunissement et de transmission des propriétés héréditaires, n’est un phénomène de reproduction. « Ce fut plus tard seulement, dit Maupas, que ces deux fonctions s’unirent et se confondirent presque, à la suite des différenciations et de la division du travail qui se produisirent chez les Métazoaires et les Métaphytes, et qui entraînèrent leur localisation dans des cellules spéciales et communes, des cellules germinatives. Malgré cette union intime, l’analyse scientifique réussit encore aujourd’hui à les distinguer et à séparer les uns des autres les processus fécondateurs des processus reproducteurs… La fécondation a dû apparaître et se développer presque à l’aube de la vie chez les monoplastides primitives et se perpétuer, à titre de facteur biologique nécessaire, au travers de toutes les transformations et métamorphoses que la matière vivante a subies, depuis lors, dans son évolution générale et progressive[1]. »

VI

Il existe sans doute encore, chez les Protozoaires, d’autres phénomènes de mouvement que ceux qui ont été ici considérés. Mais ce qu’on a dit peut suffire pour résoudre avec quelque sûreté la question de la nature et du degré d’intensité des processus psychiques chez les organismes unicellulaires. Mouvements réflexes, mouvements impulsifs ou « spontanés », mouvements provoqués, mouvements automatiques et rythmiques, tous ces modes de réaction motrice du protoplasma vivant aux excitations physiques, chimiques ou mécaniques du monde, nous sont apparus avec un caractère de nécessité et de fatalité organiques qui exclut, chez ces êtres, l’existence de fonctions psychiques supérieures, — dont la complexité seule, d’ailleurs, nous induit à parler de choix volontaire et d’actions réfléchies.

Quant à la finalité de ces réactions, souvent appropriées, mais non toujours, au bien de l’individu et de l’espèce, la lutte pour la vie, la

  1. Maupas, l. l., p. 434, 466, 496-498.