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ce sont, avec le mouvement ciliaire, et partant avec la sensibilité, les pulsations de la vésicule contractile, la préhension et l’ingestion des aliments, la défécation.

Les résultats des expériences de Max Verworn sur la mérotomie des Protozoaires s’accordent avec ceux de M. Balbiani et des précurseurs de ce savant. Ces expériences ont porté sur les mouvements dits spontanés et sur les mouvements provoqués des mérozoïtes anucléés. Pour les premiers, après un stade d’excitation consécutif au traumatisme opératoire, et qui s’exprime, chez les Rhizopodes, par une rétraction des pseudopodes et par une contraction du corps ; chez les Ciliés, par une accélération des mouvements des cils, — Verworn a vu les mérozoïtes anucléés exécuter exactement les mêmes mouvements et suivre la même orientation que si l’organisme eût été complet. Relativement aux mouvements provoqués, il a observé que les fragments de Rhizopodes et de Ciliés réagissent, toujours après la fin du stade d’excitation, aux excitations thermiques, mécaniques, chimiques et galvaniques, comme font les Protozoaires intacts. L’effet des excitants lumineux n’a pu être étudié, parce que les Protozoaires qui jouissent de ce mode d’excitabilité ne sont pas propres aux expériences de mérotomie.

Pour tout psychologue, deux conséquences capitales découlent de ces expériences. On peut les formuler ainsi, avec Verworn : 1o les mouvements des Protozoaires ne résultent point d’impulsions issues, soit d’un centre psychique unique, soit d’un certain nombre de centres localisés dans le cytoplasme ; la condition de ces mouvements réside dans la particule même de protoplasma où ils se manifestent. Les mouvements les plus complexes et les mieux adaptés en apparence à quelque fin ne font pas exception : ils ne représentent qu’une somme résultant de l’addition d’un grand nombre de mouvements particuliers, dont chacun est toujours l’expression fonctionnelle d’une particule de protoplasma ; 2o les mouvements ne dépendent pas immédiatement du noyau : « car, dit Verworn, dans les cas les plus favorables, trois semaines après la perte de celui-ci, ils s’exécutaient encore d’une façon normale ». Le noyau ne doit donc pas être tenu pour un « centre psychique » ; chaque particule de protoplasma est au contraire un centre autonome de mouvements, et les mouvements d’ensemble des Protozoaires ne sont que la somme des mouvements individuels de ces particules.

Ces expériences de vivisection peuvent encore servir à résoudre la question du siège des processus d’échanges ou de nutrition chez les Protozoaires. Les Monères, dont M. Verworn admet et défend l’existence, seraient précisément des cytodes anucléés : chaque particule